Menu
Libération
Législatives

Taubira et Hidalgo en opération sauvetage chez Najat Vallaud-Belkacem

En difficulté à Villeurbanne face au candidat de La République en marche, Bruno Bonnell, l’ancienne ministre de l’Education nationale a reçu le soutien de la maire de Paris et de l’ancienne garde des Sceaux.
Najat Vallaud-Belkacem aux côtés d'Anne Hidalgo, maire de Paris et de Christiane Taubira, ancienne garde des Seaux,à Villeurbanne, ce mercredi. (Alexander Roth-Grisard pour Libération)
publié le 14 juin 2017 à 18h11

«On va passer sur CNews ?» s'amusent des jeunes du quartier. Mercredi matin, la nuée de caméras attire les curieux sur l'esplanade du théâtre national populaire de Villeurbanne. «Mon Dieu, il y a Taubira !» s'exclame une passante. Après la venue de Bernard Cazeneuve, le PS a sorti l'artillerie lourde pour aider Najat Vallaud-Belkacem, en ballottage défavorable dans cette ville populaire, la 6e circonscription du Rhône, limitrophe de Lyon. Christiane Taubira, l'ancienne garde des Sceaux, mais aussi Anne Hidalgo, la maire de Paris, sont là pour prêter main-forte à l'ex-ministre de l'Education. Si Najat Vallaud-Belkacem est une des rares candidates du PS à s'être qualifiée au second tour des législatives, la partie est loin d'être joué face à Bruno Bonnell, l'entrepreneur en robotique qui se présente sous l'étiquette La République en marche (LREM). Ce dernier a obtenu 36,7% des voix au premier tour contre 16,5% pour Najat Vallaud-Belkacem. Cet écart important a de quoi semer le désarroi dans cette commune socialiste. Il s'en est fallu de peu pour que La France insoumise double la ministre (14,7% des suffrages exprimés au premier tour) sur son propre terrain.

Pas de consigne de La France insoumise

Assises sur les marches du théâtre, les trois femmes politiques s'inquiètent de l'abstention. Un électeur sur deux n'a pas voté dans cette circonscription. «Le message principal est que la gauche reste forte à Villeurbanne», insiste Najat Vallaud-Belkacem, sans jamais évoquer la débâcle du PS au niveau national. A ses côtés, deux candidats malheureux du premier tour des législatives, Mathieu Soares (PCF) et Béatrice Vessiller (EE-LV), ont répondu à l'appel de la socialiste pour «faire bloc» autour de sa candidature. Manque La France insoumise qui n'a pas donné de consigne de vote en sa faveur. Dans un communiqué, les mélenchonistes critiquent néanmoins son challenger, Bruno Bonnell, considéré comme l'incarnation d'un «patronat adepte d'un capitalisme financier prédateur». Aux électeurs de lire entre les lignes.

Au micro, Najat Vallaud-Belkacem rappelle l'importance des contre-pouvoirs face à une Assemblée monochrome en faveur de La République en marche. Pourtant, elle rassure les électeurs, elle ne sera pas «dans l'obstruction systématique mais dans une gauche constructive» pour défendre les acquis sociaux. A ses côtés, Christiane Taubira s'inquiète de la concentration des pouvoirs. «L'enjeu démocratique est colossal, insiste-t-elle. La démocratie, ce n'est pas la pensée unique, le consensus avant débat. La démocratie, c'est le débat possible, la confrontation pacifique entre des idéaux de gauche et de droite. Et Najat rassemble la gauche… Ça n'est pas du luxe, ça n'est pas un exercice facile !» De quoi ravir les quelques militants sur place. Au tour d'Anne Hidalgo : «La seule candidature progressiste, c'est Najat Vallaud-Belkacem.» La maire de Paris en profite pour rappeler ses attaches à Lyon et à Villeurbanne, où vit une partie de sa famille. Puis elle conclut en mettant en garde contre une démocratie verrouillée par les macronistes, contre «les châteaux de cartes qui s'écroulent».

Avant de rentrer à Paris, les «femmes fortes» du PS partent tracter sous l'œil des caméras. Dans la rue, on s'agrippe à Christiane Taubira. Sa fille sous le bras, Fanny essaye aussi d'aborder l'ancienne garde des Sceaux. «C'est important pour moi que Christiane Taubira soutienne Najat. Avec la loi sur le mariage, elle m'a permis de former une famille avec mon épouse», explique-t-elle, reconnaissante. Mais sa popularité fera-t-elle gagner des points à la candidate socialiste ? A Villeurbanne, la ministre était donnée gagnante il y a un an encore. Mais la candidature de Bruno Bonnell a bouleversé la donne un mois avant les législatives. Grâce à l'étiquette LREM, l'ex-patron d'Infogrames, pionnier du jeu vidéo et d'Internet en France, a une large avance. Ses détracteurs lui reprochent d'être envoyé par Gérard Collomb, le maire socialiste de Lyon et ministre de l'Intérieur en conflit ouvert avec Najat Vallaud-Belkacem. Ces derniers jours, Bruno Bonnell a également été déstabilisé par des révélations sur ses stratégies d'optimisation fiscale. Une situation ubuesque, alors que le gouvernement d'Emmanuel Macron planche sur la loi de moralisation de la vie publique. L'intéressé dément ces «foutaises». Mais il se montre prudent sur le verdict des urnes : «J'ai été administrateur de l'OL, j'ai vu des matchs gagnés à la dernière minute parfois.»