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Législatives

Cinq députés FN élus dans le Nord-Pas-de-Calais

Pas moins de cinq députés Front national l'ont emporté dans ces anciennes terres socialistes où les candidats du PS non ralliés à LREM ont été balayés dès le premier tour.
Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, dimanche, après l'annonce des résultats. (Photo Olivier Touron pour Libération)
publié le 18 juin 2017 à 21h42

«T'as été voter ti ? Allez, jette eut'cigarette et viens !» Dans le quartier Saint-Albert de Liévin, une électrice fait des grands coucous avec les bras devant la maison de sa voisine et part voter comme on va danser, mais dans le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais, encore plus qu'ailleurs, le principal parti est l'abstention. Le principal ennemi du FN aussi : dans le bureau 7 de Liévin, où Marine Le Pen avait remporté plus de 72% à la présidentielle, elle a grimpé à 64,6% au delà de la moyenne nationale. Ça n'a pas empêché Bruno Bilde, adjoint à Hénin-Beaumont et conseiller régional, de l'emporter, face à une inconnue de La République en marche, Coralie Rembert, avocate.

Des fiefs socialistes

Ici, dans un des anciens quartiers de mineurs de Liévin, où on votait socialiste depuis des lustres, il n'y avait plus de socialiste en lice dimanche, dans la 12e circo du Pas-de-Calais. Comme dans la plupart des circonscriptions du Nord et du Pas-de-Calais, les duels se jouaient entre le FN et LREM. Les seules socialistes rescapées étaient ralliées à LREM : Brigitte Bourguignon et Jacqueline Maquet.

Dans la 11e circo, Marine Le Pen l'emporte, comme attendu, face à une inconnue LREM, Anne Roquet, qui vient de créer sa boîte de rachat de crédit. A Lens, dans la 3du Pas-de-Calais, José Evrard, un ancien cadre du Parti communiste passé au FN, a gagné face à un conseiller national Modem, jamais élu. A Denain, où la socialiste Anne-Lise Dufour avait été balayée au premier tour, Sébastien Chenu, à la tête du FN nordiste, l'emporte avec une large avance face à Sabine Hebbar, LREM, conseillère municipale d'opposition. Dans la 10e du Pas-de-Calais, autre ex-fief PS, le FN Ludovic Pajot l'a emporté face à la candidate macroniste.

A Calais, le jeune maire LR de Marck l’emporte face au FN Philippe Olivier, le beau-frère de Marine Le Pen. LREM avait été balayée au premier tour en même temps que le PS.

Communistes contre frontistes

En terres ouvrières du Nord, à Douai et Saint-Amand, LREM a disparu dès le premier tour, au profit de duels Front national-Parti communiste. Dans la 20e du Nord, la circonscription d'Alain Bocquet, maire de Saint-Amand-les-Eaux pendant trente-neuf ans, Fabien Roussel, patron des communistes du Nord, l'a emporté avec près de 64% (et un taux d'abstention élevé) face au candidat d'extrême droite Ludovic de Danne, conseiller de Marine Le Pen. Les électeurs des deux camps rejetaient l'image de «banquier» d'Emmanuel Macron. Contre le FN, le président de région LR Xavier Bertrand avait appelé les électeurs de droite à voter, y compris pour les candidats communistes. «Je ne suis pas communiste, je ne risque pas de le devenir mais c'est Fabien Roussel qui défendra le mieux les intérêts du territoire. Sur l'industrie, ce sont des gens qui se bougent et se battent», avait-il déclaré sur France Bleu Nord.

A Lille, dans la 1ère, qui a éjecté François Lamy, le député socialiste de l'Essonne, dès le premier tour, le candidat LREM Christophe Itier, patron d'En marche dans le Nord, a perdu à quelques dizaines de voix contre Adrien Quatennens, de La France insoumise, un jeune conseiller clientèle. Le score dimanche soir était serré. Le FN et le Parti socialiste avaient appelé à voter pour La France insoumise. Dans la 2e, à Lille, le candidat insoumis Ugo Bernalicis l'emporte aussi face à LREM.