La République en marche est tout proche du strike parisien. Le parti présidentiel rafle 13 des 18 sièges (dont un acquis dès le premier tour). Et si l'ex-ministre George Pau-Langevin sauve l'honneur socialiste dans le XXe arrondissement (60,33%), LREM n'avait pas investi de candidat face à elle. Idem dans le XVIIIe arrondissement, où le quadra juppéiste Pierre-Yves Bournazel (LR) l'emporte, avec 53,6% des voix, sur l'ancienne ministre du Travail, la socialiste Myriam El Khomri… A l'issue d'un entre-deux-tours lunaire où tous deux se réclamaient ardemment de la «majorité présidentielle» : le premier arborant le soutien du chef du gouvernement, Edouard Philippe, et la seconde revendiquant celui du chef de l'Etat.
Carnage
La ministre des Affaires européennes, Marielle de Sarnez (63,5%), et Benjamin Griveaux (56,27%), poids lourd du parti En marche, l'emportent largement. Symbole de l'explosion des autres partis : Sarnez bat un candidat LR et Griveaux la sortante PS. Pour compléter le tableau, le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi (51,2%), a dû un peu plus batailler contre sa rivale de La France insoumise. Laëtitia Avia (dans le XIIe arrondissement) et Stanislas Guerini (XVIIe), valeurs montantes du macronisme, font tous deux leur entrée à l'Assemblée, terrassant leurs rivaux de droite avec près de trente points d'avance.
Distancée au premier tour dans tous ses bastions des quartiers huppés de l'Ouest, la droite sauve deux sièges alors qu'elle en détenait six jusqu'alors. Le député et maire du XVIe, Claude Goasguen, après s'être fait très peur dimanche dernier, l'emporte sur la «marcheuse» Valérie Bougault-Delage. Et la maire du XVIIe arrondissement devancée de dix points au premier tour, Brigitte Kuster, conserve aussi la circonscription héritée de Bernard Debré. Sans surprise, NKM n'est, elle, pas parvenue à rattraper son retard de 23 points. La cheffe de file de la droite municipale doit céder la circonscription de François Fillon à l'ex-journaliste et candidat LREM Gilles Le Gendre (54,53% des voix). Même punition pour deux autres barons parisiens, Jean-François Lamour et Philippe Goujon dans le XVe, tous deux battus par LREM.
Pour la gauche, qui régnait sur la capitale depuis 2012 avec 13 circonscriptions sur 18, le carnage se confirme. Dans le XIe, Patrick Bloche, candidat à un cinquième mandat, s'incline face au trentenaire Pacôme Rupin (55,9%). Quant à El Khomri, elle paye dans le XVIIIe sa très impopulaire loi travail de 2016. Faute de s'être rassemblée, la gauche laisse échapper un arrondissement historiquement socialiste.
De justesse
La surprise du chef vient de Danièle Obono, candidate de La France insoumise dans le quartier de la Goutte-d’Or, l’ancienne circonscription de Daniel Vaillant, qui bat de justesse (50,7%) la candidate LREM Béatrice Faillès. Pourtant, celle-ci faisait la course largement en tête, avec 30% contre 17% le 11 juin. Entre les deux tours, Obono avait reçu le soutien d’EE-LV et des communistes et a pu bénéficier du report des voix socialistes. Une union de la gauche à contre-courant.