L’agenda
La campagne officielle s'est achevée vendredi à minuit. Nous voici donc, depuis, dans la période de réserve : plus de réunions électorales, de distribution de tracts, de diffusion de clips de campagnes ou encore d'envoi de mail de propagande électorale pour laisser aux citoyens un temps de réflexion.
Les bureaux de vote sont ouverts de 8 heures à 18 heures – la fermeture n'a pas été repoussée d'une heure, comme lors de la présidentielle pour éviter les fuites. Dans les grandes villes en revanche, les électeurs ont jusqu'à 20 heures pour aller glisser leur bulletin dans l'urne.
Comme au premier tour, certaines collectivités d'outre-mer ont voté dès samedi, décalage horaire oblige. Cela concerne la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Polynésie française ainsi que les deux premières circonscriptions des Français de l'étranger qui regroupent les expatriés d'Amérique du Nord et du Sud.
A midi et 17 heures, le ministère de l'Intérieur publie le taux de participation. Les résultats, en réalité des estimations réalisées par les sondeurs, seront annoncés à 20 heures. Comme au premier tour, des chiffres risquent cependant de tourner bien avant, les instituts commençant à faire leurs projections sur les premiers bureaux de vote dépouillés, qui ferment donc à 18 heures.
Les élus commenceront à siéger après l'élection du président de l'Assemblée nationale, le 27 juin à 15 heures. Leur entrée à l'Assemblée signera ainsi le lancement de la XVe législature de la Ve République. Le lendemain, six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires seront nommés, «éventuellement par scrutin», précise le site de l'Assemblée.
Les règles du scrutin
Les députés, s'ils sont élus à l'échelle locale, représentent la nation, contrairement aux sénateurs. Leur nombre est fixé selon un critère démographique et les circonscriptions, dessinées à l'échelle du département.
Pour se qualifier au premier tour, il fallait réunir au minimum 12,5% de voix. Au second round, la majorité relative suffit. En cas d'égalité, c'est le candidat le plus âgé qui l'emporte.
N'importe quelle personne inscrite sur les listes électorales peut contester les résultats devant le Conseil constitutionnel jusqu'au 28 juin à 18 heures. En 2012, 102 recours avaient été déposés et cinq résultats ont été annulés, provoquant des élections partielles.
Le contexte
Les résultats du premier tour. Depuis 2002 et l'inversement du calendrier électoral, tous les présidents de la République ont obtenu une majorité à l'Assemblée lors des législatives qui suivent donc maintenant leur élection. Cette fois, elle s'annonce massive.
La République en marche d'Emmanuel Macron est en effet arrivée en tête du scrutin du premier tour avec 32% des voix. Avec leurs alliés du MoDem, les candidats LREM se sont hissés en tête de 437 circonscriptions. Seuls 16 postulants ont échoué au premier tour. Avec de tels résultats, ils pourraient envoyer entre 415 à 455 députés à l'Assemblée, avec le MoDem.
Viennent ensuite Les Républicains, qui ont récolté 22% des voix. Ils devraient donc constituer le plus gros groupe de l'opposition, avec entre 70 et 110 sièges, avec leurs alliés de l'UDI et des divers droite.
Avec 14% de voix, le FN se maintient dans 118 circonscriptions mais ses chances de réussite au second tour sont bien moindres. Dans la majorité des cas face à des candidats LREM qui ont toutes les chances d'engranger plus de voix ce dimanche, les frontistes devraient se retrouver à dix à l'Assemblée selon les projections les plus optimistes, trois, selon les pires. Insuffisant pour constituer un groupe, puisqu'il faut 15 députés. Or sans groupe, moins d'argent et moins de poids.
Les candidats de La France insoumise, en quatrième position, ont recueilli 11% des voix au premier tour. Ils pourraient cependant envoyer plus de députés à l'Assemblée que le FN. Les projections leur promettent ainsi entre 8 et 18 élus avec le PCF.
Chute pour le PS, qui, avec 10% des voix, a seulement 62 candidats au second tour. 95 sortants ont été éjectés de la course sans ménagement dès le premier tour. Dont des poids lourds comme Jean-Christophe Cambadélis, Matthias Fekl, Pascale Boistard, Aurélie Filippetti, Kader Arif et Benoît Hamon ont été éjectés de la course sans ménagement dès le premier tour. Avec le PRG et des divers gauche, ils espèrent pouvoir constituer un groupe de 20 à 30 personnes.
EELV a ensuite récolté 3%, le PCF 3% et Debout la France 1%.
Dans quatre circonscriptions l'élection est déjà pliée, les candidats ayant été élus au premier tour. Il s'agit de Napole Polutélé (DVG) à Wallis-et-Futuna, Paul Molac (LREM) dans le Morbihan, Stéphane Demilly (UDI) dans la Somme et Sylvain Maillard (LREM), porte-parole d'Emmanuel Macron, à Paris.
L'abstention. Le taux d'abstention, encore une fois, s'annonce historique. Alors qu'il ne cesse d'augmenter depuis 1997, il a atteint 51% au premier tour.
10 circonscriptions à surveiller
Jean-Luc Mélenchon VS Corinne Versini dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône. Eliminé au premier tour, le socialiste sortant, Patrick Mennucci, a laissé place à un duel insoumis - en marche. Le candidat à la présidentielle, battu en 2012 à Hénin-Beaumont, joue gros dans cette circonscription. Il part cependant avec une avance de plus de 10%.
Nathalie Kosciusko-Morizet VS Gilles Le Gendre dans la 2e circonscription de Paris. Avec 18% des voix, l'ex ministre et ex-candidate à la primaire de la droite est arrivée loin derrière le candidat LREM, Gilles Le Gendre. Le mouvement du président avait décidé de lui opposer un candidat, contrairement à d'autres républicains, comme Thierry Solère, malgré son profil Macron-compatible.
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Annick Girardin VS Stéphane Lenormand à Saint-Pierre-et-Miquelon. A égalité parfaite avec son concurrent étiqueté divers, la ministre de l'Outre-mer devra démissionner si elle est battue, comme s'y sont engagés tous les ministres candidats.
Richard Ferrand VS Gaelle Nicolas dans la 6e circonscription du Finistère. Malgré «l'affaire Ferrand», le ministre de la Cohésion des territoires, macroniste de la première heure, a obtenu 34% des voix. S'il échoue face à sa concurrente LR, il devra démissionner, comme Annick Girardin mais aussi Bruno Le Maire ou Mounir Mahjoubi, Marielle de Sarnez ou Christophe Castaner.
Myriam El Khomri VS Pierre-Yves Bournazel dans la 18e circonscription de Paris. Ici, c'est macroniste contre macroniste. Les deux candidats, respectivement PS et LR, se réclament tous les deux de la majorité présidentielle et assure avoir l'appui du Président pour la première, du Premier ministre pour la seconde.
Najat Vallaud-Belkacem VS Bruno Bonnell dans la 6e circonscription du Rhône. L'ancienne ministre de l'Education, figure de la nouvelle garde du PS, affronte le candidat que La République en marche a choisi de lui opposer. Le mouvement a été plus clément avec d'autres socialistes, dont des ministres, comme Marisol Touraine qui affronte l'UDI Sophie Auconie.
Manuel Valls VS Farida Amrani dans la 1ère circonscription de l'Essonne. Il voulait l'investiture LREM. Après s'être vu opposer une fin de non-recevoir, il a pu se consoler, le mouvement de Macron ne lui opposant pas de candidat. L'ex Premier ministre, député sortant, doit encore affronter la candidate de la France insoumise, qui a fait 17,6% contre 25,5% de son côté.
Marine Le Pen VS Anne Roquet dans la 11e circonscription du Pas de Calais. Cette fois, elle devrait y arriver. Après un échec en 2012, face à Jean-Luc Mélenchon notamment, la présidente du FN, qui a récolté 46% des voix au premier tour, affronte la LREM Anne Roquet, 16% des votes au compteur.
Florian Philippot VS Christophe Arend dans la 6e circonscription de Moselle. Ça s'annonce plus difficile pour Florian Philippot, vice président contesté du FN. Avec 24% des voix, il est talonné par son concurrent LREM, qui a fait 22%.
Retrouvez tous les résultats du premier tour ici et ceux du second tour dès dimanche soir.