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Six relais du macronisme à l'Assemblée

Les députés de confiance du Président devraient se partager les postes clés de l’Assemblée pour lui servir de relais fiables au Palais-Bourbon.
publié le 19 juin 2017 à 7h11

Emmanuel Macron pense loin. Pas même élu, le candidat En marche préparait déjà avec minutie l'après-présidentielle, ce troisième tour dont il savait qu'il conditionnerait sa liberté d'action. Conscient dès l'origine qu'il allait falloir «tenir» ses hordes de députés recrutés sur dossier via internet et pour la plupart étrangers à la discipline collective indispensable au vote rapide des réformes. «On s'est rendu compte qu'on ne pouvait pas tous le suivre à l'Elysée, confie un proche du chef de l'Etat. Pour éviter les bugs, nous devions nous répartir entre la présidence, le gouvernement et l'Assemblée.» Parmi les investis d'En marche, le conseiller politique de Macron, Stéphane Séjourné, a donc veillé à l'avenir des hommes et femmes de confiance du Président. L'assurance pour le chef de l'Etat de disposer de relais efficaces et fiables dans les instances de l'Assemblée, mais aussi au sein d'un groupe qui s'annonce XXL.

Benjamin Griveaux, la courroie

Au fil de la présidentielle, cet ancien strauss-kahnien, candidat dans la 5

e

circonscription de Paris, s’est imposé comme un homme clé de la macronie. Associé à la gestation d’En marche, ce passionné de joute politique est propulsé porte-parole du mouvement dès sa création. Le début d’un incessant va-et-vient entre meetings, matinales radios et débats télé tardifs. Pour cet ancien conseiller de Marisol Touraine et ex-bras droit de Montebourg en Saône-et-Loire, passé dans le privé en 2014 (chez Unibail), c’est un

revival

. Convaincu d’

«avoir perdu beaucoup de temps»,

l’ambitieux quadra, qui n’a qu’une semaine de moins que Macron, entend bien mettre les bouchées doubles. Pressenti pour prendre courant juillet la présidence d’En marche pour y préparer notamment les municipales de 2020, l’homme passé par Sciences-Po et HEC devrait jouer les courroies de transmission entre l’Elysée et l’Assemblée.

(Photo AFP)

Olivier Véran, le connaisseur

Ecarté du casting gouvernemental au profit de la cancérologue Agnès Buzyn, ce praticien hospitalier investi dans l’Isère s’est rallié de bonne heure à Macron dont il a co-coordonné le projet santé. Donné favori pour la présidence de la commission des affaires sociales de l’Assemblée, l’ex-PS en connaît la matière et les chausse-trappes : ancien suppléant de Geneviève Fioraso, il y a siégé trois ans. Une expérience dont il avait surtout retenu

«la lenteur, l’inertie, et la difficulté à prendre des décisions». (Photo Reuters)

Stéphane Travert, la fidélité

Rapporteur de la loi Macron, le député sortant de la Manche (ex-PS) fut avec Richard Ferrand l’un des premiers parlementaires à prendre le train En marche. Indifférent aux ricanements de ses ex-camarades, l’ancien frondeur est même devenu délégué national du mouvement, participant à toutes les étapes de la conquête du pouvoir : du diagnostic de l’état du pays au dernier meeting de la présidentielle. Une fidélité qui devrait être récompensée d’ici peu, son retour au Palais Bourbon ne faisant aucun doute (46 % au premier tour).

«Les plus expérimentés, comme moi, vont faire du tutorat avec les nouveaux venus»,

se projette-t-il dans

la Manche Libre,

ajoutant à toutes fins utiles qu’

«il faudra trouver un équilibre dans l’attribution des postes clés entre les expérimentés et les jeunes qui arrivent».

Introverti plus que meneur d’hommes, Travert pourrait voir la présidence du groupe LREM lui échapper. A défaut, ce proche de Macron pourrait devenir vice-président de l’Assemblée ou questeur.

(Photo A. Guilhot)

Stanislas Guerini, le délégué

Intime d’Ismaël Emelien, conseiller en stratégie du Président, et proche de Benjamin Griveaux, rencontré au QG de DSK avant la primaire de 2007, Guerini est sans doute une des révélations d’En marche. Jeune (34 ans), diplômé (HEC), créateur d’entreprise (Watt & Home, société de vente et d’installation de panneaux solaires) avec un intérêt certain pour la politique mais une réserve forte vis-à-vis du jeu politicien, le candidat LREM dans la 3

e

circonscription de Paris (45 %) coche toutes les cases du parfait «Macron boy». Sans compter le savoir-faire : propulsé délégué En marche pour Paris, il coordonne durant la campagne les initiatives de plusieurs dizaines de milliers d’adhérents. Sur Paris, c’est à lui qu’il revient de chauffer les salles pour Macron… jusque devant la Pyramide du Louvre. Des talents qui devraient trouver à s’employer à l’Assemblée.

(Photo A. Guilhot)

Laetitia Avia, la poigne

Symbole de cette «société civile» à qui le chef de l’Etat veut ouvrir les portes de l’Assemblée, cette avocate de 31 ans, pur produit méritocratique du 93, passée par Sciences-Po grâce aux conventions ZEP, était des 14 premiers investis LREM. Le Président, elle l’a rencontré il y a presque dix ans, dans le cadre de la commission sur les professions juridiques pilotée par l’avocat d’affaires Jean-Michel Darrois. Intrigué par la poigne de la jeune femme, Macron conserve le contact, et l’accueille à bras ouverts quand elle propose son aide au lancement d’En marche. Acquise au style et à la vision du candidat, la favorite du second tour dans la 8

e

circonscription de Paris (39,6 %) devrait être des futurs cadres de l’Assemblée. Question de proximité avec le boss, mais aussi de genre : rares sont les femmes dans les petits papiers de l’Elysée.

(Photo AFP)

Gabriel Attal, les punchlines

Proche de Griveaux qui avait parrainé sa venue au cabinet de Marisol Touraine, ce diplômé de Sciences-Po devrait, à 28 ans, emporter dimanche haut la main la 10

e

circonscription des Hauts-de-Seine, fief historique de l’UDI André Santini. Dans le dispositif, ce jeune conseiller en communication a un rôle tout trouvé : chevau-léger salle des Quatre-Colonnes pour abreuver les médias en punchlines macroniennes.

(Photo AFP)

Version actualisée de l'article paru le 17 juin.