Ce mardi, lors de leur première session parlementaire, les députés doivent élire le président de l’Assemblée nationale. Trois candidats sont pour l’instant déclarés.
Qui est candidat ?
François de Rugy, député sortant et ex-vice président de l’Assemblée, à l’époque dans les rangs des écologistes, réélu avec l’étiquette LREM après avoir participé à la primaire socialiste, est le premier à avoir déclaré sa candidature. Vendredi, deux autres députées LREM ont suivi : Brigitte Bourguignon, élue du Pas-de-Calais, et Sophie Errante, élue en Loire-Atlantique. Les deux sont députées sortantes et anciennes socialistes.
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La première est passée par le conseil général du Pas-de-Calais, après des années au centre d’action sociale de Boulogne-sur-Mer. Elle est ensuite devenue adjointe au maire Frédéric Cuvillier. Au premier tour, c’est elle qui a réalisé le meilleur score de toute la troupe de députés En marche, avec 42% des voix. Qui plus est dans un bastion du FN. Ex-chef d’entreprise, maire de Chapelle Heulin de 2008 à 2014, Sophie Errante a elle aussi été élue haut la main, avec 60% des voix au second tour.
A plusieurs reprises, Emmanuel Macron qui aime à rappeler son sens de la parité, a expliqué qu’il aimerait voir une femme au perchoir – faute d’en avoir nommé une à Matignon. Le choix d’une femme semble d’autant plus nécessaire que tous les groupes de cette nouvelle assemblée sont dirigés par des hommes. Ce serait la première fois qu’une femme serait élue à la tête d’un Palais-Bourbon qui a déjà vu défiler 245 présidents.
Comment est élu le président de l’Assemblée ?
Mardi matin, en réunion de groupe, les députés du groupe LREM devraient trancher entre les trois candidats déclarés. A 15 heures, la première session parlementaire de cette législature sera ensuite ouverte et présidée par le doyen de l'Assemblée. Cette année, ce rôle revient à Bernard Brochant, député des Alpes-Maritimes et ex-maire de Cannes, 79 ans au compteur. C'est là qu'aura lieu le scrutin à bulletin secret qui déterminera le ou la vainqueur. Le site de l'Assemblée explique que «si la majorité absolue des suffrages exprimés n'a pas été obtenue aux deux premiers tours de scrutin, au troisième tour, la majorité relative suffit et, en cas d'égalité de suffrages, le plus âgé est élu». Mais avec la super-majorité macroniste qui s'apprête à siéger, le vote devrait être vite plié.
A quoi sert-il ?
Pour faire simple, c’est lui qui gère la parole, d’où les incessants «s’il vous plaît» lancés aux députés trop bruyants. Il ouvre donc la séance, la lève et la suspend, donne la parole et «veille» à la discipline. Il est également chargé d’organiser le travail parlementaire. C’est donc lui qui reçoit les textes de loi, qu’ils émanent du gouvernement ou des députés, les fait passer par les commissions compétentes et les transmets ensuite aux autorités compétentes.
A-t-il vraiment du pouvoir ?
Le président de l'Assemblée a évidemment un certain poids politique. En novembre, Claude Bartolone, futur ex-président du Palais-Bourbon avait par exemple provoqué un mini-séisme en appelant François Hollande et Manuel Valls à s'affronter lors de la primaire.
Au rayon protocolaire, le quatrième personnage de l’Etat après le Président, le Premier ministre et le président du Sénat, est consulté par le chef de l’Etat en cas de dissolution de l’Assemblée et de mise en œuvre des pouvoirs spéciaux de ce dernier. Soit la possibilité de se saisir de pouvoirs exceptionnels en cas de crise majeure, selon l’article 16 de la Constitution.
Il préside en outre le Congrès, lorsque députés et sénateurs sont réunis en vue d’une révision de la Constitution, de la ratification d’une adhésion à l’Union européenne ou quand le Président veut s’exprimer devant les parlementaires, comme Emmanuel Macron s’est engagé à le faire chaque année.
Depuis la révision constitutionnelle de juillet 2008, il peut aussi soumettre au Conseil d’Etat une proposition de loi avant son examen en commission. Il a également un droit de saisine du Conseil constitutionnel, alors que les députés eux, doivent être au moins soixante pour demander l’examen d’un texte de loi.
Viennent ensuite les pouvoirs de nominations. Au Conseil constitutionnel d’abord, dont il nomme trois des membres, mais aussi au Conseil supérieur de la magistrature au sein de laquelle il choisit deux membres sur six, après avis de la commission des lois. Il exerce également son pouvoir de nomination dans des autorités administratives comme le Conseil supérieur de l'audiovisuel, le conseil général de la Banque de France ou l’Autorité des marchés financiers.