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Danone

Au Parlement, Muriel Pénicaud chahutée pour ses stock-options

En plein débat sur la loi de moralisation de la vie publique, certains députés n’ont pas hésité à évoquer la polémique au cœur de laquelle se trouve la ministre du Travail.
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le 10 juillet à l'Assemblée. (Photo Bertrand Guay. AFP)
publié le 28 juillet 2017 à 19h12

Les stock-options de Muriel Pénicaud s'invitent à l'Assemblée nationale. En plein débat sur la loi de moralisation de la vie publique, certains députés n'ont pas hésité à évoquer la polémique au cœur de laquelle se trouve la ministre du Travail. Dans un article publié jeudi, l'Humanité révèle que l'ancienne DRH de Danone aurait touché plus d'un million d'euros le 30 avril 2013 en vendant des stock-options, alors que deux mois auparavant, l'entreprise avait décidé de la «suppression d'environ 900 postes managériaux et administratifs répartis dans 26 pays européens», dont 230 en France. L'annonce de ce plan social avait été suivie d'un bond important du titre au CAC 40.

«Légal mais pas moral»

Pour les députés de l'opposition, l'occasion est trop belle. A l'heure où plusieurs mesures portant sur l'exemplarité et l'éthique du personnel politique sont débattues depuis le début de la semaine, ils sont nombreux à avoir abordé le sujet. «On est dans l'obscénité de l'injustice d'une guerre de classe […]. Je pense qu'elle est à sa place dans ce gouvernement comme ministre du Travail : le gouvernement des riches pour les riches», s'indigne François Ruffin (la France insoumise). Un acte «légal mais pas moral» estime quant à lui le président du groupe Nouvelle Gauche Olivier Faure (PS).

Plus que des accusations, la polémique – qui se transforme heure après heure en «affaire Pénicaud» – est utilisée par certains pour donner du poids à des propositions d'amendements. «Il est important de mettre des garde-fous des plus sérieux et qui ne se limitent pas aux sujets des emplois familiaux, des frais parlementaires, des réserves parlementaires. On parle ici de pantouflage, et de conflits d'intérêts. C'est bien sur toutes ces questions que nous demandons, depuis plusieurs jours, que les amendements les plus fermes soient pris dans l'intérêt général», rappelle de son côté Fabien Roussel (PCF).

«Pas une bonne affaire»

Muriel Pénicaud n'a pas attendu très longtemps pour se justifier. Jeudi, alors qu'elle était également attaquée au Sénat par Eliane Assassi, présidente du groupe communiste, la ministre s'est immédiatement défendue : «Nous sommes ici pour fabriquer la loi, nous ne sommes pas ici pour répondre aux approximations, voire à la démagogie, qui concernent, en l'occurrence, ma personne […]. Il s'agit d'une rémunération décidée des années avant le plan de départ volontaire», a-t-elle déclaré.

Le porte-parole du gouvernement, Cristophe Castaner, a tenté de venir en aide à sa collègue, ce vendredi, lors de l'habituel point presse post-Conseil des ministres : «Il y a une polémique sur le moment où elle aurait vendu. Permettez-moi d'être un observateur attentif et vous dire que ce matin, le cours en Bourse de Danone était de 20% supérieur au moment où elle a vendu. Donc on pourrait se dire que finalement elle n'a pas fait une bonne affaire.» A quelques traders près, pas sûr que l'argument ne convainque qui que ce soit. Pas le socialiste Stéphane Delpeyrat en tout cas. Le conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine vient de lancer une pétition qui demande la démission de la ministre, visée par ailleurs par une enquête préliminaire pour délit de favoritisme et recel dans le cadre de l'affaire Business France.