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Ces anciens ministres et députés qui ont mis leur vie politique entre parenthèse

Dernière en date dans la liste des personnalités qui changent de vie, l'ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, a annoncé son passage dans le privé, chez Capgemini.
Nathalie Kosciusko-Morizet en campagne pour les législatives à Paris, le 15 juin 2017. (Photo GEOFFROY VAN DER HASSELT. AFP)
par Théo Blain et Malaurie Chokoualé
publié le 7 février 2018 à 20h35
(mis à jour le 8 février 2018 à 10h09)

Début de parenthèse politique pour Nathalie Kosciusko-Morizet. Ce mardi 6 février, elle confirme par un tweet teinté d’optimisme son départ pour New York. Elle intégrera la société Capgemini, première entreprise des services du numérique en France.

Chaque élection entraîne son lot de retraites politiques. Longtemps, c’est la limite d’âge (et la défaite) qui constituait le critère dominant. Mais l’élection d’Emmanuel Macron et le large renouvellement de la classe politique ont incité (voire obligé) des personnalités plus jeunes à se mettre en retrait de la vie publique. Certains quadras l’ont fait par choix personnel, pour découvrir le monde de l’entreprise, y revenir ou faire une pause dans une carrière déjà bien remplie. D’autres n’ont pas eu le choix, balayés par la vague macronienne.

Même ceux qui disposent encore d'un mandat local, comme les anciens ministres du Logement Emmanuelle Cosse (conseillère générale d'Ile-de-France) et Benoist Apparu (maire de Châlons-en-Champagne), ont fait part de leur volonté de couper les ponts avec la chose publique, au moins dans sa dimension nationale. Dernier exemple en date donc, Nathalie Kosciusko-Morizet, 44 ans, qui siégera encore jusqu'à cet été au Conseil de Paris, mais s'apprête à rejoindre Capgemini. La dernière en date d'une liste qui s'allonge depuis juin.

Libération vous propose une liste non exhaustive des reconversions précoces depuis le début du quinquennat.

Najat Vallaud-Belkacem - 40 ans

Battue par un candidat En marche aux législatives, l'ancienne ministre de l'Education a refusé en début d'année, après une longue réflexion, de se porter candidate au poste de première secrétaire du PS. Cible de nombreuses attaques de la droite depuis ses réformes des rythmes et des programmes scolaires, elle a récemment pris la tête de la collection d'essais Raison de plus chez Fayard, consacrée aux «batailles culturelles du progressisme». Une manière de continuer à faire entendre sa voix, d'autant «qu'elle n'a jamais dit qu'elle se retirait de la vie politique», comme le faisait remarquer François Pirola, l'un de ses proches, à Libération début janvier.

Arnaud Montebourg - 55 ans

Eliminé au premier tour de la primaire de la gauche en janvier 2017, il annonce son retrait momentané de la vie politique. Une parenthèse dans le monde de l'entreprise qu'il avait déjà déclarée en décembre 2014, après son éviction du gouvernement Valls. Il était à l'époque ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique. Ambassadeur du «consommer français», il crée en 2015 Les équipes du Made in France et devient la même année vice-président du comité stratégique des magasins d'ameublement Habitat. Au petit jeu des reconversions inattendues, la palme lui revient sans doute: après un projet de société de production et d'exploitation de miel, il a accepté de jouer un professeur de Sciences-Po dans la suite du film Neuilly sa mère, prévue pour cet été.

Bernard Cazeneuve - 54 ans

Plus éphémère Premier ministre de la VRépublique (155 jours, soit un peu plus de cinq mois), il a fait campagne lors des législatives sous la bannière PS avant de quitter la vie politique. Début juillet, il a repris sa carrière d'avocat au sein du cabinet d'affaires August Debouzy, pour lequel il avait déjà travaillé dix ans plus tôt. Il y a intégré le département «Contentieux-Arbitrage-Pénal des affaires» où il est notamment chargé des questions de conformité internationale. Depuis janvier, il donne en parallèle des cours de «gouvernance de la sécurité intérieure» à Sciences-Po Paris, dans le cadre du master «Défense et sécurité».

Aurélie Filippetti - 44 ans

Battue chez elle, en Moselle, aux législatives, l'ancienne ministre de la Culture n'a pas mis longtemps à rebondir. Boutée hors du Parti socialiste, elle partage désormais son temps entre des cours de littérature qu'elle donne à Sciences-Po et à l'ESJ Paris et le soutien qu'elle accorde au nouveau mouvement de Benoît Hamon, Génération.s. Comme Raquel Garrido, chroniqueuse dans les Terriens du Dimanche ou Henri Guaino, qui assure un édito quotidien pour Sud Radio, Aurélie Filipetti a trouvé une place dans les médias. Depuis la rentrée, elle tient une chronique mensuelle sur RTL, dans l'émission On refait le monde de Marc-Olivier Fogiel. Elle y côtoie notamment Gaspard Gantzer, l'ancien conseiller en communication de François Hollande.

Marion Maréchal-Le Pen - 28 ans

Plus jeune députée de l'histoire de la Ve République (elle avait 22 ans en 2012), la nièce de Marine Le Pen avait annoncé son retrait – temporaire – de la vie politique après la présidentielle l'an dernier. Elle avait justifié ce pas de côté par des «raisons personnelles et politiques», arguant notamment de sa volonté de découvrir le monde de l'entreprise. Après avoir suivi des formations en anglais et en comptabilité pendant l'été, Marion Maréchal-Le Pen avait précisé à l'automne au Journal du Dimanche être «associée à la création et au développement d'une école». Mais sa jeunesse laisse espérer à ses partisans un retour pour des échéances électorales futures. Et ses proches préparent le terrain – et les esprits – pour elle: son ancien assistant parlementaire, Arnaud Stephan, assure depuis septembre la direction de la publication d'un nouveau mensuel, l'Incorrect.

Luc Chatel - 53 ans

Soutien de François Fillon en 2017 – il devient porte-parole après sa mise en examen –, Luc Chatel choisit de ne pas se représenter aux législatives en invoquant la demande de renouvellement. Critiquant la dérive droitière de Laurent Wauquiez, alors en campagne pour la direction du parti, l'ancien ministre de l'Education annonce le 2 novembre quitter la présidence du conseil national des Républicains. Il se retire par la même occasion de la vie politique pour retrouver le monde de l'entreprise, qu'il avait connu dans les années 90, chez L'Oréal notamment. Depuis décembre 2017, il est président de la Plateforme automobile et associé du fonds d'investissement Ekkio Capital.

Pascale Boistard - 47 ans

Secrétaire d'Etat aux Droits des femmes puis des Personnes âgées, la députée PS de la Somme espérait rempiler pour cinq ans. Mais avec 7,06% au premier tour, elle n'a pas fait le poids face à François Ruffin (France insoumise). Après cette défaite, elle a annoncé vouloir disposer d'une «période de recul» pour s'impliquer dans le secteur des personnes âgées, qui lui tient à cœur depuis son passage au secrétariat d'Etat. Si elle rappelle le caractère momentané de cette pause, elle préfère taire ses futurs projets et ne s'exprime plus que rarement dans les médias.

Pour ces reconvertis, la possibilité d’un retour n’est pas à exclure. Leur passage par le privé pourrait en effet servir de caution «société civile». Reste à savoir si leurs partis existeront encore. Et si les électeurs seront prêts à leur retour.