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Carvounas, Le Foll, Faure, Maurel... points forts et points faibles des prétendants PS

Luc Carvounas, Stéphane Le Foll, Olivier Faure, Emmanuel Maurel. (Photos J.B. Autissier, X. De Torres, S. Lagoutte, B. Allin)
publié le 7 mars 2018 à 10h00

Les quatre candidats au poste de premier secrétaire du Parti socialiste débattent ce mercredi soir, en amont du congrès d'Aubervilliers, début avril.

Luc Carvounas, 46 ans : Vallsiste repenti

Points forts. C'est lui qui s'est lancé en premier dans la course à la direction du Parti socialiste. Le député du Val-de-Marne s'est entouré de proches de Benoît Hamon et d'Arnaud Montebourg pour faire sa campagne. Il défend l'union de la gauche, une alliance «arc-en-ciel», celle qui lui a permis de diriger la commune d'Alfortville (Val-de-Marne) de 2012 à 2017. C'est d'ailleurs son parcours d'élu local qu'il met le plus souvent en avant, son «sens des responsabilités». Pour certains, Luc Carvounas représente la nouvelle aile gauche du PS tout comme Emmanuel Maurel. Mais le néodéputé résiste. Il a réussi à se sortir des clivages.

Points faibles. Son passé est un boulet, ses camarades lui reprochant ses années de porte-flingue de Manuel Valls. «Il est passé de l'aile droite du parti à l'aile gauche», répètent à l'envi ses adversaires. Luc Carvounas se défend : «J'ai connu un long compagnonnage avec Valls, concède-t-il. Aujourd'hui, je suis libre et libéré. Ce que je retiens surtout de ce parcours, c'est ma loyauté.» Une loyauté qui l'a poussé à défendre la déchéance de nationalité en 2015.

Stéphane Le Foll, 58 ans : Grande gueule (trop) proche de Hollande

Points forts. Il est visible, reconnu et reconnaissable dans le débat politico-médiatique. Il en fait son argument principal : «Certains pensent que ma notoriété me disqualifie. Je pense au contraire que c'est ce dont le PS a besoin pour se redresser et pour qu'il existe dans le débat public.» Député de la Sarthe, l'ancien ministre de l'Agriculture mise sur sa connaissance des profondeurs du PS. Pendant le quinquennat Hollande, Le Foll se faisait un devoir de tenir une réunion avec les militants locaux à chacun de ses déplacements ministériels. Il espère qu'ils s'en souviendront.

Points faibles. Ses adversaires voient en lui un clone ou une continuation de François Hollande, dont il est très proche, à l'heure où beaucoup de socialistes souhaitent enfin tourner la page du quinquennat. Pendant la campagne présidentielle, Le Foll n'a pas soutenu Benoît Hamon, qui avait pourtant remporté la primaire organisée par le PS. Dans la foulée, l'ancien ministre hollandais a été élu député sans adversaire macroniste en face de lui, ce qui éveille des doutes sur son son positionnement. Lui se dit dans une opposition «résolue et intelligente».

Olivier Faure, 49 ans : Favori attrape-tout

Points forts. Même si le député de Seine-et-Marne baigne dans la politique depuis plus de trente ans, il incarne paradoxalement une forme de renouveau, n'ayant jamais été ministre. Il est entouré et soutenu par la nouvelle génération socialiste (Matthias Fekl, Boris Vallaud, Johanna Rolland, Valérie Rabault, Najat Vallaud-Belkacem…) mais aussi par Martine Aubry. Ancien rocardien, proche de Jean-Marc Ayrault, Olivier Faure est convaincu que le PS n'a pas été remplacé et qu'il a toujours un rôle à jouer, à condition de mettre un terme aux rancœurs et aux courants. D'ailleurs, il ne dit jamais de mal de ses concurrents publiquement. Une stratégie qui paye. Il porte le dossard du favori.

Points faibles. Avec sa voix chuchotante et sa gueule de gendre idéal, il peine à imprimer dans le débat médiatique. Beaucoup de socialistes lui reprochent sa stratégie «hollandaise» : comprendre la synthèse, piochant un peu chez tout le monde pour se placer au centre du parti. Quand le PS était puissant, cela pouvait passer. Mais ils sont nombreux à réclamer aujourd'hui une vraie «clarté» idéologique.

Emmanuel Maurel, 44 ans : Chef de file d’une aile gauche dispersée

Points forts. Le chef de file de l'aile gauche se place dans une opposition sans détour à Emmanuel Macron. Son objectif : s'adresser de nouveau aux couches populaires, reprendre langue avec le monde ouvrier, «le cœur de la France qui se lève tôt et que l'on n'entend pas» dit-il . Ses concurrents lui reprochent une trop grande proximité avec La France insoumise. Maurel en fait une force : «Contrairement aux autres, rien de ce qui est à gauche ne m'est étranger.» Il s'adresse à tout le monde, de Jean-Luc Mélenchon à Benoît Hamon en passant par les écolos.

Points faibles. Il est le porte-drapeau d'une aile gauche dispersée voire décimée. Une partie a quitté le PS pour rejoindre le mouvement de Benoît Hamon, une autre a décidé de soutenir Luc Carvounas. Pour rafler la mise, il compte dépasser son courant. Pas simple. Il est jugé trop clivant et peu réaliste par une partie de ses camarades. Qui n'hésitent pas à brandir la menace d'une nouvelle grosse «fracture» au PS ainsi qu'une «nouvelle vague de départs» pour La République en marche si Maurel devait l'emporter.