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Justice

Soupçons de financement libyen: Nicolas Sarkozy placé en garde à vue

L'ancien président Nicolas Sarkozy, le 24 janvier 2018 au Parc des Princes, à Paris (Photo GEOFFROY VAN DER HASSELT. AFP)
publié le 20 mars 2018 à 9h56

Nicolas Sarkozy, a été placé mardi matin en garde à vue, dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, selon l'AFP, qui cite une source proche de l'enquête, confirmant une information du Monde et de Mediapart, qui a révélé l'affaire en 2012. Il est entendu pour la première fois dans cette enquête, par les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre, près de Paris.

L’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux était lui entendu en audition libre ce mardi matin dans le cadre de l’enquête.

Des juges du pôle financier enquêtent depuis avril 2013 sur des accusations de financement de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye de l’ex-dignitaire Mouammar Kadhafi. Elles ont été formulées par l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine et d’ex-responsables libyens, tandis que d’autres ont démenti. L’ancien chef de l’Etat français a toujours rejeté ces accusations.

500 000 euros

Dans cette affaire, qui a émergé en 2012 après la publication par Mediapart d’une note laissant penser à un financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, l’ex-secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant a été mis en examen pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée.

Les magistrats s’interrogent sur le virement de 500 000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008, en provenance d’une société d’un avocat malaisien. Il a toujours expliqué qu’il s’agissait du fruit de la vente de deux tableaux.

Un autre intermédiaire, l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, présenté comme un personnage clé de l'enquête, suspecté de «fraude» et «blanchiment d'argent», a été arrêté en janvier à Londres. Il y est actuellement placé en détention, dans l'attente d'une audience sur son éventuelle extradition en France, prévue en juillet.

Dans la foulée de l'annonce de sa garde à vue, Nadine Morano, fidèle parmi les fidèles, a mis en cause les médias. Un classique. «Encore une fois, moi, je regarde la réalité des faits. La réalité des faits, c'est que, bien souvent, il a été mis en cause, bien souvent, il en est sorti en étant totalement blanchi [...] J'appelle à beaucoup de prudence les médias qui commencent à s'exciter», a-t-elle déclaré à l'antenne de RTL. Sur ce point, elle s'accorde d'ailleurs avec... Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux.

Valérie Pécresse et Damien Abad, également membres des Républicains, ont de leur côté appelé la justice à faire son travail. «J'ai personnellement beaucoup de peine à croire à cette affaire mais la justice travaille et je souhaite vraiment qu'il n'y ait aucune interférence du pouvoir politique dans le travail de la justice (...) Je respecte la présomption d'innocence qui s'attache à tout homme politique», a déclaré la présidente de la région Ile-de-France. Le député Damien Abad, lui, a affirmé : «Il faut simplement laisser la justice faire son travail, avoir un message d'amitié et de sympathie pour Nicolas Sarkozy qui a été notre président de la République et notre leader. Quand à ce qui concerne le fond de l'affaire, c'est à la justice de faire son travail, nous n'avons aucun commentaire à faire là-dessus.»

Un peu plus tard dans la journée, c'est le parti lui-même qui est monté au créneau, rappelant «que le principe de la présomption d'innoncence prévaut pour tous les citoyens».