Eteindre l'incendie. Au QG de la République en marche, on commence à mesurer l'urgence de définir une ligne claire pour aborder les Européennes de 2019, et plus encore les municipales de 2020. C'est que dans les rangs des marcheurs mais aussi de l'allié Modem, l'oreille attentive que prête Edouard Philippe aux maires UDI ou LR n'est pas du goût de tout le monde. «On a fait le casse du siècle et ce sont eux qui vont se barrer avec le pognon!», s'insurge un proche de Macron.
Sur LCP, François Bayrou est sorti du bois. Déplorant que le délégué général de LREM Christophe Castaner ait lundi laisser entendre que son parti pourrait soutenir en 2020 des listes conduites par des maires sortants LR, le patron du Modem a taclé : «On n'est pas là dans une démarche de renouvellement de la vie politique au sens propre du terme, on est dans une démarche d'accommodement avec ceux qui sont en place. Ce n'est pas la stratégie que j'aurais choisie.»
Non content de rappeler à son homologue de LREM l'essence du macronisme, le maire de Pau s'est fendu d'une petite leçon de realpolitik: «Mettez-vous dans la tête du maire LR ou PS, qui n'était pas avec nous au moment de l'élection présidentielle, et à qui on dit "on est prêt à s'entendre". Est-ce que vous croyez que ça le pousse à être plus ouvert ou au contraire à se dire "maintenant je suis tranquille?"».
De quoi booster la réflexion des cadres dirigeants de LREM. L'entourage de Castaner laisse donc filtrer les grandes lignes de sa stratégie d'alliance aux municipales. Laquelle devrait être formalisée «dans les prochains jours». Un maire sortant PS ou LR qui souhaiterait le soutien du parti macroniste aux municipales devrait au préalable souscrire à trois exigences: s'engager sur une charte de valeur, s'engager à œuvrer pour la réussite du quinquennat et surtout s'engager à soutenir la liste LREM-Modem aux élections européennes. En revanche, pas plus qu'il n'avait été demandé à Edouard Philippe de démissionner de LR lors de sa nomination à Matignon, aucune obligation ne sera faite aux maires de quitter leur écurie d'origine. «S'ils s'engagent à soutenir notre liste aux Européennes, les instances de LR et du PS n'auront pas vraiment d'autres choix que de les virer», fait-on valoir au QG.
Beaucoup de choses restent néanmoins à caler pour le scrutin européen de 2019. Pour l'heure, le parti macronien n'a toujours pas trouvé la tête de liste «société civile» dont il rêvait. «Si au final, c'est un politique qui conduit la liste, ce sera forcément le chef du parti» confie-t-on en interne. Du coup, Castaner se prépare à répondre à l'appel du Président pour cette mission «passionnante» même s'il a «peur de ne pas faire rêver les Français». On a connu plus enthousiaste.