C'est la «liberté», qu'ils veulent promouvoir. Dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, 22 députés La République en marche (LREM) demandent à «offrir aux commerçants la liberté d'ouvrir ou non le dimanche». La proposition a suscité une levée de boucliers au sein de l'opposition de gauche.
Les députés signataires estiment que l'ancien ministre de l'Economie devenu président de la République a ouvert la voie à l'élargissement des possibilités d'ouverture dominicale. La loi «pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques», dite «loi Macron», adoptée en 2015, a permis aux commerces situés notamment dans les zones touristiques internationales d'ouvrir le dimanche. «Qu'attendons-nous pour aller plus loin?» se demandent-ils.
«Souvent contraint»
A gauche de l'échiquier, nombre d'élus s'insurgent de voir la facilitation du travail dominical. A commencer par les élus de la France insoumise (LFI). Le député du Nord Adrien Quatennens a réagi sur Twitter, reprochant à la vingtaine de signataires d'oublier «que le travail dominical est souvent contraint». Les députés LREM écrivent en effet : «Loin des idées reçues, de nombreux salariés sont demandeurs de cette liberté de travailler le dimanche.» Le nouveau patron de Force ouvrière, Pascal Pavageau, a lui aussi exprimé son désaccord sur Twitter. Il a qualifié le travail dominical de «contraint, sans compensation, dont les premières victimes sont les femmes et les précaires». La sénatrice socialiste de Paris Marie-Noëlle Linemann, abonde également en ce sens. Faute de pouvoir d'achat, «il y a toujours des gens pour se laisser exploiter», regrette-t-elle. Cette mesure aurait pour autre conséquence de «fragiliser la vie familiale de manière inutile économiquement».
« Ouverture dominicale : faisons le choix de la liberté » signent 20 députés #LREM dans @leJDD. Ils oublient que le travail dominical est souvent contraint. Dans le monde pourri de #Macron cette scène familiale n’existe pas car le dimanche on bosse ou on lèche des vitrines ! https://t.co/eBm2ppWF8K
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) August 19, 2018
Ian Brossat, adjoint en charge du logement à la mairie de Paris est du même avis. Alors que les députés signataires assurent que 68 % des Français «sont favorables à un assouplissement du travail dominical», l'élu municipal assure que l'on est face à «du volontariat déguisé». «Il s'agit ou bien d'un volontariat poussé par le manque de pouvoir d'achat, ou bien par l'obligation de l'employeur.»
«C’est pour les bobos»
Le porte-parole du Parti communiste, Olivier Dartigolles, a pris position contre cette tribune, interrogé lundi au micro de RMC. «C'est un imaginaire bien pauvre que de proposer d'en rajouter une couche sur le travail du dimanche», s'est-il agacé. Et de faire mine de s'interroger : «Ils n'ont rien à d'autre à produire, depuis leurs hamacs ?»
La tribune des élus macronistes revêt par ailleurs un certain paradoxe que n'a pas manqué de souligner Ian Brossat. Sur Twitter, il pointé la signature au pied de la tribune de la députée de l'Eure Claire O'petit, alors qu'en 2014, elle déclarait sans rougir au micro des Grandes Gueules de RMC : «Le travail le dimanche c'est pour les bobos, pour qu'ils puissent acheter leur petit marteau.» Quatre ans plus tard, elle signe un texte affirmant que l'«assouplissement» apporté par la loi Macron «a été une bouffée d'oxygène pour nos commerces et nos centres-villes».