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L'Elysée confirme le déménagement controversé de sa salle de presse

Pour l'Association de la presse présidentielle, cette décision est «une atteinte à la liberté de la presse». La présidence invoque des arguments pratiques.
Devant le palais de l'Elysée, en 2013 (Photo Sébastien Calvet)
publié le 25 octobre 2018 à 18h34

L'Association de la presse présidentielle (APP) regrette vivement la fermeture prochaine de la salle de presse située dans le palais de l'Elysée. Annoncée au début de l'année cette décision a été confirmée mercredi par la présidence de la République. «Cette décision rappelle celle du président américain Donald Trump, qui a tenté de bouter les journalistes hors de la Maison Blanche avant de renoncer», s'indigne l'APP.

L'Elysée explique qu'une nouvelle salle de presse sera aménagée au premier semestre 2019, Rue de l'Elysée, dans une annexe du Palais où se trouvent déjà l'état-major particulier et les conseillers diplomatiques du Président. Nettement plus vaste que l'ancienne (145 m2 contre 55 m2), cette nouvelle salle permet de faire passer de 16 à 36 le nombre de postes de travail. Avec ce déménagement, la présidence affirme qu'elle «fait droit à une demande récurrente de positions de duplex sécurisé». Trop exiguë, l'actuelle salle du palais est essentiellement utilisée par les agences de presse. Et il est vrai que les chaînes d'informations en continu se plaignent de ne pouvoir faire leur duplex que depuis les trottoirs quand la cour d'honneur est fermée.

Pour l'APP, cet aménagement nécessaire ne saurait justifier un déménagement qui «piétine une tradition de transparence» jamais démentie depuis la présidence de Giscard d'Estaing. «L'enjeu de la présence de la salle de presse au cœur de l'institution n'est pas une question de mètres carrés ni de confort professionnel, mais une affaire de symbole […] La présence au cœur de l'Elysée de journalistes est une expression de la liberté de la presse. Les en expulser [y] porte atteinte», ajoute l'APP pour qui la présidence française adopte «un comportement de propriétaire d'un lieu dont elle est locataire, et qui appartient aux Français».

Manifestement peu sensible à la dimension symbolique de l'affaire, l'Elysée affirme que sa décision n'est dictée que par des considérations pratiques. Vieux de trois siècles, le palais de l'Elysée ne compte, pour 822 agents, qu'une seule salle de réunion, la salle Ouest, d'une capacité de 20 personnes. Le fameux Salon vert étant réservé aux réunions du Président et de ses collaborateurs, cette pénurie d'espace impose «de nombreuses délocalisations dans les annexes de la présidence». Avec les 145 m² qui leur sont proposés, les journalistes n'auraient, en somme, pas à se plaindre…