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Libération
Damage control

PMA et nazisme : LR sort les rames pour défendre Laurent Wauquiez

Ses propos tenus dimanche sur l'eugénisme ont parasité les discours de soutien aux «gilets jaunes». Lundi, les deux porte-parole du parti ont dénoncé «l'instrumentalisation» d'une «maladresse».
Laurent Wauquiez au Puy-en-Velay, le 17 novembre, parmi les gilets jaunes. (Photo Thierry Zoccolan. AFP)
publié le 19 novembre 2018 à 19h04

Laurent Wauquiez, président du parti Les Républicains, avait tous les atouts en main pour voir s'ouvrir devant lui une belle séquence. «Mais avec son histoire de nazis devant les ringards de Sens commun, il rend inaudible tout ce qu'on a fait depuis des mois», s'emporte un député, pourtant un de ses soutiens de la première heure, qui commence «à l'avoir un peu amer». «Ça a commencé par la diffusion des enregistrements devant les étudiants de Lyon [en février, ndlr]. Un président de parti ne devrait pas parler comme ça», poursuit-il.

Electorat populaire

Le mouvement des «gilets jaunes» est venu apporter de l'eau au moulin du parti de droite qui, depuis un an, multiplie les campagnes de tractage contre la hausse des taxes sur les carburants et mène bataille contre la limitation à 80 km/h sur les routes. Avec l'espoir de s'attirer les bonnes grâces d'un électorat populaire plutôt attiré par le Rassemblement national de Marine Le Pen. Le président de LR, qui a participé samedi à un rassemblement de gilets jaunes dans sa région Auvergne Rhône-Alpes, est justement l'invité ce lundi soir du journal de TF1 pour réaffirmer son soutien à «ce mouvement populaire et citoyen».

Mais dimanche, sa phrase prononcée devant les militants de Sens commun – il estimait que la PMA ouvrait les portes à une forme d’eugénisme, tel que le pratiquait le régime nazi – est venue parasiter tout le reste du discours. Et lundi matin, lors du traditionnel point de presse de LR, les porte-parole Laurence Sailliet et Gilles Platret ont surtout dû faire l’exégèse des propos du chef plutôt que de parler de la mobilisation du week-end.

«Le courage de l’expression»

Conscient du malaise provoqué par ses propos, Laurent Wauquiez a tenté dès lundi matin de les déminer par un tweet : «En rappelant l'horreur de l'eugénisme du nazisme, j'ai voulu rappeler les leçons de l'histoire. Nos débats contemporains ne sont évidemment pas les mêmes mais quand on parle d'éthique, il faut être très vigilant sur les chemins que nous ouvrons.»

En bon soldat, Laurence Sailliet, visiblement agacée, a considéré que «l'instrumentalisation de ces propos ne visait qu'à fausser le débat. Il existe aujourd'hui une carence de gamètes. Il y aura donc une commercialisation, ce à quoi nous sommes opposés, et qui dit commercialisation dit choix en fonction des critères et des affinités de chacun. Nous entrons dans un engrenage qui ouvre la porte à l'eugénisme. C'est ce qu'a dit Laurent Wauquiez». Pour LR, le gouvernement a déjà fait ses choix sur le sujet et profiterait de cette «maladresse» pour discréditer tous ceux qui feraient entendre une voix discordante. «Laurent Wauquiez a eu le courage de soulever une question éthique, de dire que la PMA pouvait ouvrir les voies vers l'eugénisme. Il a eu le courage de l'expression pour dénoncer cette pente. De toute façon, les décisions du gouvernement sont prises et il n'y aura pas débat», constate Gilles Platret. Bien loin du sujet gilets jaunes.