Chez Pol | Ça fait maintenant quatre ans que vous avez quitté la politique. Est-ce que ça vous manque ?
Je suis né dans le Ve arrondissement de Paris. J'y ai été élu et j'y ai toujours vécu. Je sillonne toujours les rues, je croise beaucoup de gens et je suis frappé par leur fidélité, leur amitié. A mon âge [84 ans, ndlr], j'estime avoir eu une chance extraordinaire. J'ai été député pendant quarante-quatre ans, élu local pendant quarante-neuf ans. Je crois que ça ne se fera plus, maintenant. J'ai été heureux de cette vie, qui a été passionnante.
Si vous ne deviez retenir qu’une image de votre parcours?
La première fois que j’ai été élu député, c’était quelque chose d’extraordinaire. Moi, issu d’une famille modeste – ce dont je suis fier –, élu député de Paris à 33 ans, c’était presque un rêve. Les anciens députés évoquent souvent le rôle de la buvette de l’Assemblée.
Est-ce un mythe ou une réalité?
Quand on n’est que député, on passe plus de temps à la buvette. Moi, j’étais en même temps conseiller de Paris ou maire. J’allais à la buvette bien sûr, je prenais un pot, je discutais avec quelques amis, même des gens de gauche, mais je ne participais pas activement à cela.
Est-ce qu’il y a eu de grosses engueulades?
Certains n'ont jamais accepté que je sois maire de Paris et [à l'initiative de Jacques Toubon, ndlr] ils ont fait une tentative de putsch en 1998. Pendant cette tentative, je leur ai enlevé les bureaux, les voitures et les chauffeurs. Ça les a surpris. Prenez Claude Goasguen, qui est un ami: il a été très dur. Et puis, des années après, il a regretté.
La presse a beaucoup documenté vos péripéties…
C’est la liberté de la presse et je la respecte. Je trouve que c’était parfois excessif et inutile. On peut attaquer, parodier. Lorsqu’on fait de la politique, il faut s’incliner. De manière générale, il y avait une campagne de presse médiatique très forte, très longue, très dure, contre moi. Mais ça ne m’a jamais empêché d’être élu. En revanche, j’ai trouvé particulièrement moche, excusez-moi l’expression, qu’on s’en prenne à mon épouse pour m’attaquer.
Vous avez été définitivement condamné en 2015 dans l’affaire des faux électeurs du Ve arrondissement. Est-ce que vous nourrissez des regrets?
La cour d’appel m’a condamné non pas pour complicité mais pour complicité par abstention. En gros: je savais mais je n’ai pas empêché. Je respecte la décision de la cour. Ils ont statué en conscience et en application du droit. Mais moi, je le conteste.
Avec quel ancien adversaire politique pourriez-vous partir en vacances?
Je ne pars pas avec des gars de droite alors je ne vois pas pourquoi je partirais avec des gens de gauche. Mais j'avais de très bons rapports avec Georges Sarre [ancien député MRC de Paris et ex-secrétaire d'Etat, décédé le 31 janvier, après notre entretien avec Jean Tiberi, ndlr]. C'est un homme avec qui je dialoguais facilement.
Quelle personnalité vous a le plus marqué dans votre parcours politique?
René Capitant [ministre de la Justice de De Gaulle, ndlr], sans aucun doute. C'était un gaulliste, un résistant, un grand professeur de droit et qui a été très courageux durant les événements d'Algérie.
Au final, la politique c’était mieux ou moins bien avant?
On est dans une nouvelle époque. La médiatisation est désormais beaucoup plus forte qu’avant. C’est plus dur aujourd’hui, les attaques personnelles… Il y a une remise en cause continue du statut d’élu. Et tout se sait tout de suite, très durement et de manière répétitive.
(Extrait de Chez Pol, notre newsletter politique quotidienne)