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Libération
«Chez Pol»

Emmanuel Grégoire : «J’ai voulu être rock star mais je n’avais aucun talent»

Emmanuel Grégoire (au centre), premier adjoint à la mairie de Paris, le 25 octobre. (Cha Gonzalez/Photo Cha Gonzalez pour Libération)
publié le 24 février 2019 à 12h06

Ils font partie des nouveaux visages de la politique française mais demeurent méconnus du grand public. Chez Pol part à leur rencontre. Aujourd’hui, le premier adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire (PS).

Bonjour. Qui êtes-vous ? Quels sont vos réseaux ?

Je suis Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo. Je ne sais pas si j’ai des réseaux, mais j’ai des amis. Ils sont issus de tous les univers qui ont fait mon histoire : beaucoup du 93 de mon enfance, de la Charente-Maritime où j’ai passé mon adolescence, de mes études à Bordeaux, du monde de l’entreprise, du Parti socialiste où je suis devenu militant pour soutenir Jospin. Chaque instant de la vie offre l’opportunité de rencontrer des personnes magnifiques, quelles que soient les convictions de chacun : de la bienveillance et du respect suffisent pour intégrer ma bande.

Quand vous étiez petit, vous rêviez de devenir qui ?

J’admirais Paul Bocuse. Je suis très «cuisine lyonnaise». Mais mes parents m’ont obligé à aller au lycée. Ils ont eu raison, je préférais sans doute manger. Après j’ai voulu être rock star mais je n’avais aucun talent. Si vous ne le répétez pas, je vous dirai en secret que je voulais être Gandhi ou Jean Moulin. Tout cela pour finir adjoint aux finances…

Au jeu du «Tu préfères», vous choisissez quoi entre une victoire du PS aux municipales à Paris en 2020 mais une défaite à la présidentielle 2022, et une victoire du PS à la présidentielle de 2022 mais une défaite aux municipales à Paris ?

Après, on reproche aux élus de faire de la langue de bois… Ce sont les électrices et électeurs qui choisiront, pas moi, à mon grand regret. Une victoire à Paris me semble une condition indispensable à toute ambition pour 2022. Je préfère que le PS contribue à la victoire de la gauche progressiste rassemblée aux municipales à Paris et à la présidentielle. Paris à gauche dans un pays de droite, c’est le village d’irréductibles Gaulois. La France à gauche mais avec une capitale à droite, ce serait une souffrance. Ni l’un ni l’autre ne sont une option.

Vous avez été chef de cabinet de Jean-Marc Ayrault lorsqu’il était Premier ministre. C’est un enfer, Matignon ?

C’est entre le Valhalla et l’Eden, le sommeil et les loisirs en moins. Plus sérieusement, c’était une période enthousiasmante. J’y ai rencontré des gens remarquables de dévouement à l’intérêt général. J’ai aussi ressenti le risque d’enfermement, de déconnexion… Matignon, ce n’est pas l’enfer, c’est une machine à laver en action avec nous dedans.

Donnez-nous une bonne raison d’être optimiste en 2019…

N'attendons pas l'événement. Créons-le. C'est à chacune et chacun de s'engager. Pour l'écologie. Pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Pour la justice sociale. «Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir», disait Jaurès. C'est la citation que j'ai glissée dans mes cartons de vœux cette année.

Avec quel(le) adversaire politique pourriez-vous partir en vacances ?

Je ne voudrais pas faire de jaloux. Avec beaucoup d’entre eux, en réalité. Nos agendas se ressemblent, nous avons beaucoup de soirées où nous rentrons à l’heure où nos enfants sont déjà couchés, beaucoup de week-ends où nous préférerions courir au Bois de Vincennes. Et quand on m’invite, je dis toujours oui.

Pour vous, Benjamin Griveaux, ça rime avec…

Je suis tenté par un bon mot, mais comme disait Boileau (tiens, cela rime avec Griveaux) «pour un vain bonheur qui vous a fait rimer, gardez qu'un sot orgueil ne vous vienne enfumer».