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Chez Pol

Gabrielle Siry : «J’ai d’abord rêvé de devenir basketteuse»

Ils font partie des nouveaux visages de la politique française mais demeurent méconnus du grand public. Chez Pol part à leur rencontre. Aujourd’hui, la porte-parole du PS, Gabrielle Siry.
Gabrielle Siry, porte-parole du PS. (Photo RETMEN/SIPA)
publié le 9 mars 2019 à 13h06
Bonjour. Qui êtes-vous ? Quels sont vos réseaux ?

Je suis bretonne et d’origine espagnole et algérienne. Je vis à Paris où je travaille dans l’encadrement de la finance, et en particulier la finance verte, c’est-à-dire que j’œuvre pour que le secteur financier investisse massivement dans la transition écologique et plus dans les industries polluantes. Je représente notamment la France dans des négociations européennes sur ce sujet. Bénévolement, je suis porte-parole du Parti socialiste. Je me construis plus par le travail que par le «réseau», qui est un mot que je n’aime pas trop, qui est un peu galvaudé et évoque le passe-droit, le favoritisme…

Quand vous étiez petite, vous rêviez de devenir qui ?

J’ai d’abord rêvé de devenir basketteuse (j’avais intégré un centre de formation), puis quant à l’adolescence, des primes de matchs nous ont été proposées, l’ambiance s’est un peu dégradée. J’ai fini par arrêter pour me concentrer sur mes études. Je ne regrette rien car ce sport m’a permis de rencontrer des gens formidables de milieux et d’horizons très différents, de forger un caractère et une aspiration pour les victoires collectives.

Un dicton dit : «Celui qui pense que l’on peut avoir une croissance infinie dans un monde fini est soit un imbécile, soit un économiste.» Vous êtes économiste…

…et je me réjouis que la finitude des ressources soit de plus en plus souvent intégrée comme base de travail, même si nous sommes encore loin du compte. Dans le secteur de la finance, qui est marqué par ce qu'on appelle la «tragédie des horizons» – le fait que les prix ne refléteraient pas les enjeux de long terme –, la finance verte, qui n'en est qu'à ses débuts, doit devenir majoritaire. C'est un sujet crucial pour des raisons écologiques mais aussi sociales. Je crée d'ailleurs une association qui s'appelle Dépolluons la finance pour sensibiliser les citoyens sur le sujet car la contribution des institutions financières à la transition écologique tient aussi de «l'Affaire du siècle».

Au jeu du «Tu préfères», vous choisissez quoi entre devoir dire du bien de Manuel Valls pendant une minute chaque soir et être réveillée tous les matins par un «hé oh, le PS» de Stéphane Le Foll ?

La réponse D ? Si c’est en musique, je choisis l’option réveil matin !

Faut-il avoir un bac +5 langue de bois pour être porte-parole ?

Surtout pas, c’est éliminatoire. Pour ma part, je suis assez libre dans mon expression, parce qu’Olivier Faure fait confiance. Mais aussi, je crois, parce qu’il a voulu faire entendre un autre son de cloche.

Donnez-nous une bonne raison d’être optimiste en 2019.

Il y en a plein ! Je vais en citer deux : l’écho qu’a eu le mouvement #Metoo et qu’il a encore aujourd’hui, et l’importance dans le débat public des thématiques de justice fiscale et sociale. Il faut une forme de radicalité dans le réformisme aujourd’hui, pour créer les rapports de force nécessaires sinon ce sera toujours «encore un moment Monsieur le bourreau» : le capitalisme financiarisé a tendance à lâcher tout juste ce qu’il faut pour persévérer dans son être. Or aujourd’hui, ce contexte est aussi une des causes de résurgence de violences de tout type, de repli identitaire. Il y a urgence à changer la donne.

Avec quel(le) adversaire politique pourriez-vous partir en vacances ?

J'hésite : Michel Barnier, qui est un européen convaincu, ou Dominique de Villepin, parce que j'adore la bande dessinée Quai d'Orsay ! Même si je ne suis pas d'accord sur beaucoup de choses, ce sont des hommes de culture. Ce sont aussi des gaullistes sociaux… qui doivent se sentir bien seuls en ce moment à droite ! Ce serait surtout l'occasion de débats animés à l'heure de l'apéro, sur la construction d'une Europe plus sociale et écologique avec M. Barnier, sur l'emploi des jeunes et l'erreur de croire que la dérégulation du marché du travail est la solution pour créer de l'emploi avec Dominique de Villepin. Ça me rappellera nos belles manifestations contre le CPE !

Pour vous, Solférino, ça rimait avec… ?

Beau, mais chéro.