Ses annonces «sociales», le 10 décembre, n'avaient pas permis à Emmanuel Macron de mettre fin au mouvement des gilets jaunes, ni même au soutien majoritaire dont il bénéficiait dans l'opinion. Qu'en est-il de la conférence de presse présidentielle du 25 avril, organisée en clôture du grand débat et censée permettre au chef de l'Etat de reprendre la main ? Si l'objectif était de retrouver du crédit chez l'ensemble des Français, c'est raté. Mais si le but poursuivi par ce chef de l'Etat en campagne permanente est de bétonner son noyau électoral, désormais plus à droite que lors de la présidentielle, alors le bilan du «Macron show» est un peu plus réussi. Selon le sondage effectué par Viavoice pour Libération (1), 65 % des sympathisants de la majorité jugent que le chef de l'Etat a «bien répondu» à la crise, mais cette proportion n'est «que» de 52 % chez ceux qui ont voté pour lui au premier tour de la présidentielle - et de 26 %, tout de même, chez ceux qui ont voté Fillon. Macron a plutôt convaincu dans son camp du moment, mais pas tant que ça, et pas au-delà. Seuls 20 % des Français interrogés par Viavoice saluent positivement ses annonces (66 % sont d'un avis contraire). Dans le détail : 22 % des sympathisants de droite, 13 % des sympathisants de gauche et 5 % de ceux du RN. Sur le plan géographique, le rejet est aussi fort chez les habitants des communes rurales (71 %) que chez ceux des villes de plus de 100 000 habitants (70 %). Les cadres, base de l'électorat macroniste, ne sont que 32 % à se déclarer convaincus (14 % des ouvriers et employés) tandis que les retraités, cible majeure à quelques semaines de tout scrutin, sont seulement 25 % à applaudir. Quant à la popularité du président de la République, dans ce contexte clivé, elle est logiquement en baisse, à 26 % de bonnes opinions (-2 points en un mois) contre 69 % de mauvaises (+4 points). Ou comment rester fort, d'abord, de la faiblesse de ses adversaires, dans un paysage politique où les oppositions hors RN, en miettes, restent durablement atomisées.
(1) Sondage réalisé en ligne du 26 et 29 avril auprès d'un échantillon représentatif de 1 002 personnes.