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Mairie de Paris : les candidats macronistes dénoncent une procédure pour imposer Griveaux

Dans la capitale, LREM veut désigner son champion dès le 10 juillet, au terme d'auditions devant la commission d'investiture. Quatre candidats exigent un report à l'automne, afin de rendre possible un débat voire une consultation.
Benjamin Griveaux à Paris le 28 mars. (Photo Thomas Samson. AFP)
publié le 16 juin 2019 à 22h41

Sûrs de leur bon droit, les prétendants macronistes à la mairie de Paris conjurent les responsables de la majorité de ne pas céder à la tentation du passage en force au profit de l'ex-porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Implicitement candidat depuis plusieurs mois, ce dernier dispose de nombreux soutiens au gouvernement et à la tête de LREM, notamment Marlène Schiappa et Julien Denormandie. Cela ne fait pas de lui un candidat naturel, protestent ses principaux concurrents, les députés LREM Mounir Mahjoubi, Cédric Villani et Hugues Renson ainsi qu'Anne Lebreton, élue du IVe arrondissement. Dans une tribune publiée par le Journal du dimanche, les quatre élus contestent le calendrier proposé par la commission nationale d'investiture (CNI) de LREM. Installée au début du mois, l'instance a adressé à tous les candidats parisiens une «convocation pour audition» le 9 juillet. Chaque prétendant sera entendu et interrogé pendant quarante-cinq minutes sur son projet. L'heureux élu sera désigné dès le lendemain. Une affaire rondement menée. Cette précipitation interdit tout «débat démocratique» protestent les concurrents de Griveaux, rappelant qu'En marche s'est construit «sur des principes d'ouverture et de large consultation».

Effarés par cette fronde au sein d'un parti censé incarner le renouveau des hommes et des pratiques, les cadres de LREM ont tenté dimanche une contre-offensive. Dans une tribune publiée par le Huffington Post, les «référents» parisiens du parti présidentiel renvoient aux statuts votés en juillet 2017 qui «définissent les conditions de désignation des candidats». «Il est temps désormais de laisser notre commission nationale d'investiture mener sereinement son travail, dans le cadre et les règles qui ont été définis et acceptés de tous», ajoutent-ils.

Ni calme ni sérénité

«Halte au feu», s'est écrié de son côté le patron des députés macronistes Gilles Le Gendre, dimanche sur France 3. Selon lui, le mode de désignation au sein de LREM «vise précisément à éviter les guerres fratricides». Il conviendrait donc, selon lui, de s'abstenir de toute «campagne médiatique». Le Gendre en appelle à la CNI pour qu'elle prenne «toutes les mesures» afin que les choses se passent «dans le calme et la sérénité».

Candidat à l'investiture, Hugues Renson prévient qu'il n'y aura ni calme ni sérénité si l'investiture parisienne n'est pas reportée à l'automne. Il ne voit «aucun argument qui puisse justifier que tout soit bouclé dans moins d'un mois». Décider le 10 juillet, ce serait, selon lui, «acter notre renoncement à faire de la politique autrement». «Choisir maintenant, ce serait choisir de perdre», confie-t-il à Libération. Même s'il s'interdit de le dénoncer publiquement, Renson est persuadé que cette précipitation n'a qu'une seule explication : imposer Griveaux, macroniste de la première heure et implicitement porteur de l'onction présidentielle… Sauf que, peut-être échaudé par sa dernière initiative en matière d'investiture – Nathalie Loiseau, tête de liste aux européennes – le chef de l'Etat se garde bien de laisser voir sa préférence.

Sans aller jusqu'à demander une primaire, Hugues Renson estime qu'il faut se donner le temps du débat et de la confrontation des personnalités et des projets. A ceux qui lui opposent les résultats désastreux des primaires organisées en 2016 par l'UMP et par le PS, le député de Paris rappelle une autre histoire, nettement plus prometteuse. Au début de l'an 2000, la désignation du candidat socialiste pour la mairie de Paris en 2001 avait donné lieu à une mémorable compétition entre le favori Jack Lang et son concurrent Bertrand Delanoë. Ils devaient être départagés par le vote des militants PS un an avant le scrutin, jusqu'à ce que Lang, de moins en moins favori, finisse par se retirer pour redevenir ministre. En théorie, rien n'interdit d'ailleurs à la CNI de LREM d'organiser une telle consultation. Les statuts du parti, auxquels se réfère la direction, l'autorisent en effet, si elle le juge opportun, à «consulter les adhérents concernés».