Méthodique et manifestement déterminé, Cédric Villani entend démontrer que sa candidature à la mairie de Paris est portée par une vraie dynamique. Alors que chacun s'attend à ce que la commission d'investiture décide la semaine prochaine de confier à l'ex-porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, macroniste de la première heure, le soin de mener la bataille dans la capitale, le mathématicien marcheur organise ce jeudi son premier meeting de campagne. Selon l'entourage du député LREM de l'Essonne, plusieurs élus et personnalités devraient monter à la tribune pour annoncer leur soutien à la candidature Villani. Ce sera notamment le cas de l'ex-ministre Mounir Mahjoubi, député du XIXe arrondissement qui a fait savoir dès mercredi qu'il renonçait à briguer lui-même la mairie de Paris. Dans un entretien au Parisien, il constate qu'il «porte les mêmes valeurs» que Villani et ajoute que faire cause commune leur permet de «les faire entendre le plus fort possible».
Ce ralliement est une mauvaise nouvelle pour Griveaux. En pré-campagne depuis près de deux ans, il est, aux yeux de nombreux dirigeants de LREM, le candidat qui s’impose dans la capitale. Chacun s’attend donc à ce que la commission nationale d’investiture (CNI) du parti le confirme la semaine prochaine après avoir entendu les cinq candidats en compétition : outre Griveaux et Villani, les élus parisiens Anne Lebreton et Hugues Renson ainsi que l’écologiste Antonio Duarte sont sur les rangs. Pour ce grand oral, la CNI entend interroger les prétendants à la mairie de Paris sur leur projet mais aussi sur leur organisation et sur leur capacité à rassembler. Villani et Mahjoubi passeront le leur ensemble au service de la candidature du premier.
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Sur ce dernier point, Griveaux ne doute pas de sa supériorité. S'il est vrai qu'il n'a pas fait le trou dans les sondages – le dernier en date le met à égalité avec Villani –, il fait valoir qu'il dispose, lui, du soutien de tous les «référents» LREM dans les arrondissements. Il ajoute surtout qu'il a été rejoint par le sénateur LREM Julien Bargeton, pilier de la mairie de Paris, ex-adjoint PS aux transports de Bertrand Delanoë puis aux finances d'Anne Hidalgo. S'il devait effectivement se traduire par l'engagement d'une dynamique, le parrainage de Mahjoubi serait lourd de menace pour Griveaux.
Un report de la désignation LREM ?
Dans l'entourage du député de l'Essonne, on fait valoir que Villani et Mahjoubi parlent «le même langage, celui des vrais marcheurs attachés à l'écologie et à la cohésion sociale». Avec le renfort député du XIXe, très engagé sur la démocratie locale, la candidature Villani parlerait mieux que celle de Griveaux au centre gauche écolo qui est le cœur de l'électorat parisien. Ravi de mettre en difficulté une majorité macroniste à ses yeux trop droitière, le député Matthieu Orphelin, ex-LREM, s'est empressé de saluer la belle alliance Villani-Mahjoubi : «J'ai beaucoup partagé de combats et d'analyses avec eux depuis deux ans. L'écologie sera au cœur de leur projet. Ce beau rassemblement doit s'élargir !» s'est-il emballé sur Twitter.
Candidat franc-tireur à la mairie de Paris, l'ex-directeur de la communication de François Hollande Gaspard Gantzer n'en est pas encore à rejoindre ce rassemblement. Tout en notant que Villani «connaît sans doute mieux les maths que l'urbanisme parisien», il salue une «ouverture d'esprit» et une «générosité» qui ne semblent pas être, à l'entendre, les qualités premières de Benjamin Griveaux…
Cette petite effervescence autour de la candidature Villani complique singulièrement la tâche de la CNI. Est-il bien raisonnable dans ces conditions de trancher dès la semaine prochaine en faveur de Griveaux ? Ou faut-il repousser la décision après l'été pour laisser à l'une ou l'autre des candidatures le temps de s'imposer dans l'opinion. C'est ce que demandaient les candidats Villani, Mahjoubi, Renson et Lebreton dans une tribune publiée le 15 juin par le JDD. Du côté de la CNI, on tient pour peu vraisemblable un report. «Nous pensons vraiment que notre candidat aura besoin de l'été pour être prêt à faire campagne dès la rentrée; c'est le meilleur calendrier» assure l'un de ses membres. En toute hypothèse, la compétition devrait donc être arbitrée la semaine prochaine.