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Déminage

Laïcité  : Macron rappelle la loi mais va lutter contre le «séparatisme»

Interrogé par RTL, le chef de l'Etat annonce qu'il rencontrera lundi les représentants du culte musulman.
Emmanuel Macron à la Réunion, vendredi. (Photo Richard Bouhet. AFP)
publié le 27 octobre 2019 à 20h07

Alors que beaucoup le pressent de s'exprimer sans délai sur l'islam, la laïcité et le communautarisme, Emmanuel Macron maintient qu'il n'entend pas céder à ces «injonctions». Ce serait, dit-il, se faire «complice d'une confusion collective». Dans un entretien à RTL enregistré vendredi dans l'Airbus qui le ramenait de l'île de la Réunion, le chef de l'Etat revient sur le nouveau cap de son acte II et sur les enseignements qu'il a tiré de la première moitié du quinquennat. Avant sa diffusion intégrale lundi matin, un extrait de cette interview a été diffusé dimanche soir.

«Faute politique»

Le chef de l'Etat y dénonce la confusion entretenue par ses détracteurs : «On ne me demande pas de parler de laïcité, on veut que je parle d'Islam.» Plutôt que de «céder à la précipitation», il assume, de progresser «à bas bruit» sur l'islam de France, question sur laquelle il rappelle que ses prédécesseurs ont «souvent échoué». Il annonce qu'il verra ce lundi «les représentants français du culte musulman», afin de voir comment «nos concitoyens dont la religion est l'islam peuvent vivre tranquillement leur religion en respectant absolument toutes les lois de la République». Dans les prochaines semaines, des mesures seront annoncées afin de lutter, «avec les lois de la République», contre «les communautarismes» dans les domaines de l'éducation, de la santé ou sur les lieux de travail. Il s'agit, selon Macron, de combattre «un séparatisme» qui se serait installé «dans certains quartiers», au nom d'un «islam dévoyé».

Alors qu'un sondage Ifop publié par le Journal du dimanche prétend mesurer l'inquiétude des Français «face à l'Islam», le président du Sénat, Gérard Larcher, estime, comme avant lui de nombreux leaders de la droite et de l'extrême droite, que le chef de l'Etat commet «une faute politique» en tardant à s'exprimer officiellement. Le Sénat examinera mardi une proposition de loi des Républicains (LR) visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires. Mesure souhaitée, selon l'Ifop, par trois Français sur quatre.

Questions «mal maîtrisées»

Le sujet était au cœur de l'interview de François Bayrou sur France Inter dimanche matin. L'ancien ministre de l'Education nationale, auteur en 1994 de la première circulaire interdisant les signes «ostentatoires» dans les établissements scolaires s'est désolé du climat politique «pas sain», parcouru de questions «mal maîtrisées, mal posées». S'agissant de laïcité, Bayrou estime que le jeu politique consiste trop souvent à «jeter de l'huile sur le feu pour que flambent des questions». Visant implicitement l'opposition, il regrette que la laïcité soit utilisée «non pas pour vivre ensemble mais pour allumer des procès des uns contre les autres».

«Quand je vois une mère de famille qui porte un foulard, il y a des gens qui voient d'abord le foulard, moi je vois d'abord une mère de famille», a poursuivi l'ex-ministre qui ne voit pas pourquoi il serait interdit à des accompagnatrices de sortie scolaires d'être voilée dès lors «qu'il ne s'agit pas de prosélytisme», ce qui doit être laissé, selon lui, à l'appréciation du chef d'établissement. «Je ne veux pas que nos compatriotes musulmans se sentent rejetés par l'Etat, les médias, la République […]. Il en résulterait un durcissement sur les positions les plus rigides et parfois les plus sectaires, c'est exactement ce que nous voulons et devons éviter», a conclu Bayrou.