En attendant de véritables sondages, arrondissement par arrondissement, et la candidature officielle d'Anne Hidalgo, pour le moment, on s'ennuie un peu dans cette campagne parisienne. Elle avait bien démarré, pour le spectacle, avec la division de LREM, mais elle semble désormais avoir pris un rythme plus automnal. Plus que les idées, on relève surtout les gaffes, comme Benjamin Griveaux avec les bus à soufflets qui seraient la cause des embouteillages. La dernière en date est à mettre au crédit de Cédric Villani, plutôt doué dans le genre, il faut bien le dire. Interrogé sur BFM Paris sur sa connaissance du PSG, il a réussi à dire qu'il allait souvent au «Parc Saint-Germain», au lieu de Parc des princes, et a été incapable de citer les deux champions du monde de l'effectif, l'insaisissable Mbappé et maestro Kimpembe. Des erreurs, pour les connaisseurs, énormes.
« Ça m’arrive d’aller au Parc Saint-Germain » - Cédric Villani, supporter du PSG pic.twitter.com/PdDylXONZp
— Alexis Cécilia-Joseph (@ACciliaJoseph) November 21, 2019
En moins de quarante secondes, Cédric Villani prouve son ignorance crasse de ce club. En soi, ce n'est pas très grave. On ne vote pas pour un maire pour sa connaissance du foot, enfin, je l'espère, mais pour sa capacité à améliorer la vie des citoyens. Dans certaines villes, comme, j'imagine, à Marseille ou Lens, faire preuve d'allégeance au sport le plus populaire peut paraître incontournable. Dans la capitale, le PSG est un sujet important, se construisant petit à petit une légende, mais pas prioritaire (même si des questions se posent autour du naming du stade).
Dans l'une des rares grandes villes d'Europe qui n'a pas au moins deux clubs de haut niveau, la majorité des habitants ne sont pas nés (78%) ou n'ont pas grandi dans la capitale et supportent une équipe ailleurs en France, voire se réjouissent des défaites humiliantes et récurrentes en 8e de Ligue des champions (ce qui est, de notre point de vue, pénible à vivre quand on regarde le match avec eux). La fréquentation du Parc des Princes, toutes les deux semaines pour le championnat, avec plus de 47 000 personnes par match, est bien moins importante que celle des théâtres privés par exemple (4 millions de tickets annuels en comptant les one-man shows). Quitte à tenter de séduire un public supposément captif, autant dire que vous êtes allés voir quatre fois Frank Lebœuf. Croire d'ailleurs que l'on va gagner quelques voix en faisant semblant d'être admiratif de Di María revient à afficher une méconnaissance fabuleuse de la diversité d'opinions des tribunes d'un stade (1).
Le problème n'est pas de ne rien y connaître, on ne peut pas être spécialiste de tout, et Cédric Villani, qui a de nombreuses passions dans sa vie, n'est pas omniscient. Le problème est de faire croire qu'on s'y intéresse, parce que quelqu'un de votre com vous a dit que c'était important, pour, j'imagine, avoir l'air comme tout le monde et proche des gens. Depuis qu'il pense à la mairie de Paris, Villani tweete sur le PSG, alors qu'il n'en parlait jamais avant, mais ça sonne faux, tout comme personne n'a jamais cru à la passion subite de Hollande pour le Red Star, fut une autre époque. Dans le même genre, Macron, persuadé de battre un gamin à Fifa en jouant avec Marseille contre Liverpool m'a doucement fait sourire.
Ce sont des ficelles médiatiques trop grosses. On peut avoir un amour sincère de Paris, sans avoir jamais mis les pieds au Parc des princes. Si le mathématicien avait avoué, à la télé, «écoutez, moi, le PSG, et le foot, j’avoue, je ne suis pas un spécialiste, mais ça ne m’empêche pas de penser que pour le sport dans notre belle ville, il faut blabla, développer blabla, et en vue des JO, blabla», personne ne lui en aurait voulu et même pas les supporteurs. Au contraire, cela l’aurait rendu sincère, donc sympathique.
Là, faire semblant de connaître un sujet qu’on ne maîtrise pas est le meilleur moyen de décrédibiliser l’ensemble de son projet.
(1) En revanche, si Villani se mettait à critiquer le niveau de jeu de Meunier ou Kurzawa, peut-être que là, quelques-uns seraient séduits…