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Libération
«Chez Pol»

Municipales à Paris : le PS surpris par «la trahison» de Sandrine Mazetier

L'ex-députée socialiste a été investie tête de liste de Benjamin Griveaux dans le XIIe arrondissement de Paris après avoir demandé une place au camp Hidalgo.
L'élue de Paris Sandrine Mazetier en 2007. (Photo Frédéric Stucin pour Libération)
publié le 10 décembre 2019 à 11h13
(mis à jour le 10 décembre 2019 à 18h10)

Cela a dû faire bizarre à Sandrine Mazetier de se retrouver dans le même communiqué de presse d'investitures de LREM aux municipales que l'élu de droite Patrick Ollier. Car l'ex-députée PS, qui trouvait «extraordinairement médiocre» la décision de Manuel Valls de voter pour Emmanuel Macron en 2017, a été propulsée lundi tête de liste de Benjamin Griveaux dans le XIIe arrondissement de Paris.

«Je ne m'y attendais pas», confie à Libération Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire PS de Paris, Anne Hidalgo. Celui qui est désormais l'adversaire de Mazetier dans le XIIe souligne malicieusement : «Elle nous demandait encore une place de conseillère de Paris il y a quelques semaines…» Elle a essuyé un refus «au titre du renouvellement», précise Grégoire. Ce qui aurait constitué le déclic… la poussant dans les bras de LREM, alors qu'elle ne manquait pas de mots pour dénoncer la réforme du code du travail de Macron. Et qu'elle a fait assaut de tweets pour soutenir Anne Hidalgo, dont elle fut la porte-parole lors de la campagne municipale de 2014.

«Il faut avoir les adducteurs sacrément costauds quand même, raille Pierre Jouvet, porte-parole du PS. Trahir cette semaine, en pleine réforme des retraites, une des réformes les plus à droite du quinquennat… Il faut vraiment avoir perdu sa boussole idéologique.» En étant «candidate face à un candidat socialiste», Sandrine Mazetier «s'exclut du parti», ajoute Jouvet.

Cette investiture a néanmoins désarçonné dans les couloirs socialistes, où l’on se souvient amèrement que l’ancienne députée venue des rangs strauss-kahniens était encore présente aux meetings parisiens de Raphaël Glucksmann pendant la campagne des européennes au printemps ou qu’elle participait à la dernière université d’été du PS à La Rochelle (Charente-Maritime).

Dans le Parisien mardi matin, Sandrine Mazetier explique que son choix découle de l'amertume d'avoir été «ghostée» par Anne Hidalgo, c'est-à-dire laissée de côté en bon français. Elle ajoute, sans rire : «Je suis une femme de gauche.» Elle «ne rejoin[t] pas En Marche, [elle] rejoin[t] Benjamin». Nuance. Pour servir de caution de gauche à un candidat officiel macroniste qui, jusqu'ici, a débauché principalement des élus sortants parisiens venant de LR, comme Delphine Bürkli ou Florence Berthout, sans parler de la polémique sur l'investiture éphémère de Philippine Hubin.