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Municipales : Villani promet une alliance avec Belliard qui s'annonce délicate

Le député LREM a saisi la «main tendue» du candidat écolo à la mairie de Paris. Mais il y a en réalité beaucoup d'obstacles avant un éventuel rapprochement.
Cédric Villani, candidat dissident de LREM, en meeting à Paris le 11 décembre. (Albert FACELLY/Photo Albert Facelly)
publié le 20 décembre 2019 à 16h00
(mis à jour le 20 décembre 2019 à 18h54)

Cédric Villani n'a pas laissé passer sa chance. Mardi soir, le Parisien publie un entretien de David Belliard, le candidat écolo à la mairie de Paris, que le député mathématicien et dissident de la majorité présidentielle courtise depuis un moment. A en croire le titre choisi par le quotidien, l'écolo «tend la main à Cédric Villani». Depuis, l'équipe de campagne de Belliard tente de désamorcer. Dans un communiqué publié vendredi soir, les écolos rappellent que le candidat a proposé une «large coalition», «sur la base du projet écologiste», rendue nécessaire par l'urgence climatique. Trop tard : le camp Villani a déjà saisi la perche. «Il y aura une alliance», a assuré le candidat vendredi matin, le ton péremptoire. «On va parler projets», a-t-il ajouté.

Vote positif improbable

Pourtant, ce rapprochement s'annonce délicat. D'abord parce que dans la «grande coalition» proposée par Belliard, il y a des insoumis et des socialistes. Or, le député LREM refuse de travailler avec les premiers et n'est pas enchanté à l'idée de construire une majorité avec les seconds. Ensuite, parce qu'il refuse de rompre avec le parti macroniste, comme le lui demande le candidat écolo. Dans leur communiqué, les Verts prennent d'ailleurs soin de marquer leur distance avec Emmanuel Macron, dont la politique est jugée «anti-environnementale». L'entourage de Villani a beau souligner qu'il a fait valoir son indépendance en exprimant ses réserves sur la réforme des retraites, une rupture claire n'est «pas à l'ordre du jour». Les mêmes assurent d'ailleurs que les rumeurs concernant son éventuelle exclusion du parti présidentiel proviennent du camp Griveaux et sont infondées. Autre détail et pas des moindres : la règle veut chez EE-LV que les militants soient consultés sur de tels accords. Ceux-là étant réputés être plus à gauche que leur candidat, un vote positif semble improbable.

Trop heureux de récupérer le créneau de la gauche écolo face à un David Belliard semblant se déporter vers le centre, les socialistes parisiens ne se privent pas de rappeler que l'entretien du candidat EE-LV au Parisien a fait des dégâts en interne. Ce choix est «incompréhensible pour moi, a par exemple écrit le député européen et ancien maire EE-LV de Grande-Synthe, Damien Carême. Cédric Villani a voté pour la loi abjecte de Collomb asile et immigration, pour la loi Egalim, n'a pas voté contre le Ceta… Je n'ai aucune leçon à donner à personne. Je dis juste non, au nom de mes valeurs et de ma cohérence.» Resterait enfin à décider lequel des deux se range derrière l'autre et comment fusionner les listes.

«La poutre continue de travailler»

«On sait comment faire, en fonction des résultats», assure l'équipe de Villani. Si le candidat ne l'a pas précisé, son entourage ne laisse pas de doutes sur le fait que cet accord interviendrait après le premier tour. Un «contrat de gouvernance» plutôt qu'une alliance donc. D'ici là, les partisans du mathématicien veulent croire que tout peut bouger, et les obstacles sauter. «La poutre continue de travailler», assure un proche, usant de la formule du Premier ministre, Edouard Philippe, pour décrire la recomposition de la vie politique. Sur ce point, le candidat marcheur a un allié de circonstance. Depuis les élections européennes du printemps, Yannick Jadot plaide pour extraire l'écologie politique de son berceau de gauche. Une partie des écolos voient d'ailleurs dans la sortie de Belliard la patte Jadot. Les villanistes, eux, ne se privent pas de le citer en exemple.