Si l'intervention du chef de l'Etat pour faire «converger» Griveaux et Villani n'a pas fait de miracle, elle aura au moins donné au Modem une occasion de sortir de son indécision. Mardi soir, le parti centriste a officiellement apporté son soutien au candidat officiel de la macronie, au motif qu'il serait, réflexion faite, le plus rassembleur des deux prétendants. «Rassemblés, la victoire est possible. Divisés, la défaite est assurée», prophétise le parti centriste.
Espéré depuis six mois par le candidat officiel, ce ralliement était loin d'être une évidence. Le chef du Modem, François Bayrou, a maintes fois répété que Benjamin Griveaux n'était pas le bon candidat. Il a suggéré que la majorité se rassemble plutôt derrière la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ou derrière Jean-Louis Borloo, l'inusable recours du centre droit dès qu'il est question de la mairie de Paris.
En 2014, une alliance du Modem avec NKM
La consigne officielle pro-Griveaux reste toutefois très souple. «Ceux qui sont engagés derrière d'autres candidats peuvent le faire, mais en leur nom propre, sans engager le Modem», explique un cadre du parti. Il est vrai que les conseillers de Paris Modem sortants ont été élus en 2014 dans le cadre de l'alliance que le parti de François Bayrou avait scellée avec Nathalie Kosciusko-Morizet, alors tête de liste de l'UMP (rebaptisé LR quelques mois plus tard).
C'est ainsi que, dans le XVIe, Béatrice Lecouturier, élue dans l'arrondissement et présidente du groupe Modem au conseil régionale d'Ile-de-France, se retrouve en très bonne place sur la liste du candidat LR Francis Szpiner. «Face au sectarisme de LREM, elle rejoint ma liste», se félicite le candidat auprès de Libération.
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Dans le XVe, Maud Gatel et Yann Wehrling devraient pouvoir faire liste commune avec le sortant LR Philippe Goujon. Ce dernier ayant refusé de se ranger derrière Dati, son parti a décidé de lui opposer une autre liste 100% LR conduite par Agnès Evren. Benjamin Griveaux, de son côté, vient d'investir une candidate issue de la société civile, Catherine Ibled, à l'issue d'une longue période d'interrogations. Après avoir refusé la main tendue de Goujon cet été, trop vieille droite, le marcheur a rétropédalé et ouvert sa porte au maire sortant, connu pour ses positions anti-PMA et anti-GPA, sans pour autant pour l'instant parvenir à un accord. Depuis plusieurs semaines, le nom d'Agnès Buzyn circule également. Mais la ministre de la Santé tergiverse, expliquant qu'elle aimerait s'impliquer dans l'élection et, en même temps, qu'elle doit se concentrer sur sa tâche au gouvernement. «C'est à elle de décider selon son planning», explique le camp Griveaux.
Dans le VIe, «Sarnez risquait de ne pas être élue»
Le candidat a également annoncé ce mercredi soir l'investiture de Pierre-Yves Bournazel, candidat centriste rallié à Griveaux, dans le XVIIIe et Chuang Hua Peng, avocat et membre du MoDem, dans le XIIIe.
Manque le VIe, où la macronie n'a pas encore de candidat. L'accord avec le Modem en serait la cause. Comme en 2014, la députée Marielle de Sarnez devrait se présenter en deuxième position sur la liste du maire sortant Jean-Pierre Lecoq… lui-même investi par LR. Le Modem aurait donc demandé à Benjamin Griveaux, dans le cadre de leur accord, qu'il ne présente personne face au sortant de droite. Pourtant «l'un des maires LR les plus conservateurs», selon un élu parisien. «Dans le VIe, il y a peu de sièges, donc si LREM met une liste concurrente, Sarnez risque de ne pas être élue», poursuit-il. Un candidat du camp Griveaux confirme et explique : «Battre Lecoq est très compliqué, il a une réelle implantation sur un petit territoire».
Reste à savoir ce que LR penserait de cette forme d'union avec le parti macroniste. Depuis son investiture, Rachida Dati martèle qu'il faut faire le choix de la clarté avec des listes clairement estampillées LR. Une façon, aussi, d'être sûre que les conseillers de Paris élus voteront pour elle au troisième tour. Jean-Pierre Lecoq, lui, a toujours plaidé pour des listes de rassemblement. Malgré l'investiture, il n'a jamais soutenu l'ex-garde des Sceaux avec vigueur. Mais le VIe envoyant peu d'élus au Conseil de Paris, le parti pourrait décider de ne pas relancer les hostilités après la succession de crises occasionnées par les investitures, pour un arrondissement à faible enjeu.
L'équipe de Griveaux, de son côté, assure que Marielle de Sarnez «soutient l'accord global» et se rassure en rappelant que cette dernière n'a pas confirmé sa candidature sur la liste Lecoq. «Il y aura une liste dans le VIe», affirme-t-on.