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Meeting

A Paris, le va-tout vert de Villani

Le candidat parisien s'est présenté comme un homme libre, lors de son meeting au Trianon mercredi, et veut rassembler des figures de l'écologie autour de sa campagne, inspirée de celle de son modèle, Emmanuel Macron.
Villani au Théâtre du Trianon le 6 février 2020. (Marc Chaumeil/Photo Marc Chaumeil pour Libération )
publié le 6 février 2020 à 12h26

Le troisième grand meeting de Cédric Villani a comme un air de déjà-vu. Pour peu, on se serait cru revenu à un peu plus de trois ans en arrière, à cette époque où Emmanuel Macron entamait ses premiers exercices de tribun. Même regard tourné vers l'avenir. Même façon de se présenter en «homme libre», après avoir tourné le dos au président de la République et été exclu de La République en marche (LREM) pour candidature dissidente à la mairie de Paris. Même discours sur le dépassement des clivages pour celui «qui ne s'est jamais posé la question de savoir si [ses soutiens sont] de droite ou de gauche». C'est simple, Villani applique à la lettre les recettes de la campagne macronienne. A la différence près que le député mathématicien défend un programme très vert.

Au Trianon, devant plus de 1 500 militants agitant des pancartes flashy et une poignée de drapeaux du Parti radical de gauche (PRG) qui a décidé de le soutenir plutôt que de se ranger derrière son alliée d'hier Anne Hidalgo, Villani a aligné les propositions écologiques transversales. «L'ensemble du projet écologique est à 5 milliards. Soit deux fois plus que le budget de la majorité actuelle», lance-t-il. Trois grandes promenades (de la Seine au Stade de France en passant par le canal Saint-Martin, sur une partie de la petite ceinture et du bois de Vincennes au bois de Boulogne), «passer de 4 000 à 40 000 rénovations thermiques par an», généraliser «les circuits courts et les alternatives végétariennes dans les cantines scolaires» : le candidat insuffle de l'écologie partout. Et distribue quelques mandales au passage à ses deux cibles favorites, fustigeant «la politique de bétonisation entamée par Anne Hidalgo» et évacuant l'idée d'un Central Park parisien proposé par Benjamin Griveaux, le candidat officiel de la macronie.

Mercredi au meeting de Cédric Villani.

Photo Marc Chaumeil pour Libération

Une «coalition climat» sans alliances

Et puisqu'il faut incarner ces idées, Cédric Villani est venu bien accompagné dans le théâtre du XVIIIe arrondissement. Première caution écolo, Isabelle Saporta, ancienne journaliste, engagée dans la campagne parisienne auprès de Gaspard Gantzer puis d'Europe Ecologie-Les Verts avant de débarquer dans l'équipe Villani et de se voir bombardée numéro deux sur la liste du XIVe arrondissement. Au premier rang, Matthieu Orphelin, député proche de Nicolas Hulot, soutien de Villani de longue date, mais surtout Pascal Durand, cofondateur d'EE-LV réélu député européen sur la liste LREM en mai dernier. Celui-ci s'est même fendu d'une envolée macronienne. «L'air que l'on respire, l'eau que l'on boit ne sont ni de gauche, ni de droite. Le temps du vivre ensemble est venu. La coalition climat, on la fera avec des gens qui n'ont pas la même histoire que nous», a-t-il assuré sur scène.

La «coalition climat», c'est cette alliance proposée par le candidat écologiste David Belliard que Villani défend de nouveau : cela «permettrait de réunir les volontés politiques sincères autour de l'urgence écologique». Sur le fond, tout le monde paraît donc d'accord. Mercredi soir, les deux candidats se faisaient face lors de meetings parallèles devant leurs troupes mais le rapprochement bloque des deux côtés. Belliard souhaite que le mathématicien «clarifie sa position vis-à-vis du gouvernement» quand ce dernier est frileux à l'idée d'intégrer une coalition incluant «la majorité actuelle où ni la méthode ni le bilan n'y sont».

Non à Griveaux, oui aux grivoiseries

Autre axe d'attaque pour un Cédric Villani qui reste bon cinquième dans les sondages, la «solidité» de son programme, qu'il estime être le seul à avoir budgété à ce stade. Un pragmatisme là aussi inspiré de la doctrine macronienne pour celui qui ne souhaite «rester que dans ce qu'on sait réalisable». Dévoilant ses mesures devant ses militants, le candidat a consacré une bonne part de son discours à l'éducation, proposant «6 000 nouvelles places d'accueil collectif, dont 4 000 en crèches», «l'accueil en collectivité dès l'âge de deux ans dans les quartiers populaires» et l'ouverture d'une «école internationale bilingue» installée dans le Nord-Est parisien. Après à peine quelques minutes de discours, l'humoriste controversée Marie S'infiltre s'est imposée sur scène pour lire un poème dédié au candidat. Gêné et décontenancé, Villani s'est pourtant prêté au jeu. En a résulté une séquence baroque où la comédienne a aligné les vers grandiloquents mais aussi les grivoiseries du type : «Les mathématiques te donnent la trique, plus que les gros lolos d'Anne Hidalgo.» Malaise dans la salle. Le candidat reprend son discours jusqu'au slogan final : «Nous allons rallumer la ville lumière.»