Menu
Libération
Municipales

A Saillans, l’expérience participative a vécu mais essaime ailleurs

La liste «municipaliste» cède la place à Saillans mais a fait des petits dans la vallée de la Drôme.
A Saillans le 23 février. (PHILIPPE DESMAZES/Photo Philippe Desmazes. AFP )
publié le 15 mars 2020 à 23h21

A Saillans, petit village de la Drôme devenu bien malgré lui le «laboratoire» de la démocratie participative depuis 2014, c'est la liste d'opposition qui l'emporte dimanche de quelques voix à peine. Sur 1 171 inscrits et 869 votants, il y a un écart de 18 voix entre la liste participative, «S'engager ensemble pour Saillans», et la liste «Saillans un avenir en commun», qui l'emporte avec 51,05%. Il y aura donc douze élus de la nouvelle majorité, tandis que trois élus de la liste participative représenteront désormais l'opposition. Pourtant, à la sortie de la salle polyvalente, c'est l'équipe perdante qui semble faire la fête, un baroud d'honneur tout en musique. «Les gens nous ont applaudi en chansons, c'était très émouvant», raconte Vincent Beillard, le maire sortant.

Les vainqueurs du jour étaient, eux, plus réservés : «Pour le moment, la musique c’est pour eux, mais ça va venir pour nous, on a été privés de parole pendant six ans, il faudra un peu de temps mais on va y arriver», explique Marie-Christine Casals, numéro 2 de la liste d’opposition et nouvelle élue. La campagne a été particulièrement dure dans le village, avec échange de noms d’oiseaux et contre-vérités assénées sur les réseaux sociaux. «Il va surtout falloir se calmer et se réconcilier un peu», disait-il y a quelques jours une élue de l’équipe sortante qui ne se représentait pas, rencontrée sur la rue principale où les deux équipes concurrentes tractaient à quelques dizaines de mètres les uns des autres. «On a un village qui est scindé en deux», reconnaissait dimanche soir devant ses sympathisants Fernand Karagiannis, la tête de liste de l’équipe sortante.

Ironiquement, alors qu’à Saillans l’équipe participative mord la poussière, d’autres initiatives plus ou moins citoyennes ou participatives connaissent des destins plus enviables dans la vallée de Drôme. A Crest, l’inamovible maire (Les Républicains) et ancien ministre Hervé Mariton, toujours élu au premier tour depuis 1995, est en ballotage (43,4%) et devra attendre dimanche prochain pour connaître son sort. L'ancien ministre sarkozyste est face à deux listes, dont l’une se revendique de l’initiative citoyenne (35,4%), et qui appelait dimanche soir à «faire alliance» avec l’autre liste d’opposition (21,1%) pour barrer la route au baron local. Idem à l’autre bout de la vallée, dans la ville de Die, où le maire sortant apparenté Modem obtient près de 40% des voix, mais il a face à lui deux listes dont l’une est menée par le candidat du PCF qui avait perdu le scrutin par douze petites voix en 2014 et qui a constitué cette fois-ci une liste essentiellement non-partisane.