«J'appelle désormais à l'unité des écolos, progressistes et humanistes.» Après avoir, tout le long de sa campagne, mis en scène l'affrontement entre les «progressistes» et les «conservateurs», Anne Hidalgo a appelé dimanche soir la gauche à se rassembler à Paris. Si le second tour a bien lieu dimanche prochain, la maire sortante socialiste est en très bonne position pour un deuxième mandat : elle récolte près de 30 % des voix. Dans une salle sans militants, elle a remercié les électeurs parisiens qui, en pleine épidémie de Covid-19, ont été 43 % à se rendre aux urnes. «Vous avez fait le choix de me faire confiance. Vous avez fait le choix d'un Paris encore plus écologique et solidaire. Un Paris où l'on respirera mieux et qui se mobilisera pour aider les classes populaires et moyennes à trouver un logement», a salué la maire. Avec 22 % et au terme d'une campagne menée au culot, la LR Rachida Dati (réélue dans le VIIe arrondissement) confirme sa percée alors que dans son propre camp, peu y croyaient au début. Agnès Buzyn, qui a remplacé au pied levé le candidat LREM Benjamin Griveaux mi-février après la diffusion de vidéos intimes, récolte 17 %. Elle est suivie par l'écolo David Belliard (12 %). Le dissident issu de la majorité présidentielle, Cédric Villani, passe sous le seuil des 10 % nécessaires pour se maintenir au second tour : il récolte 6,7 % des suffrages. L'insoumise Danielle Simonnet, en duo avec l'ex-footballeur Vikash Dhorasoo, obtient 4,5 %.
Dès dimanche soir, les négociations se sont ouvertes pour d’éventuelles alliances et devraient durer jusqu’au dépôt des listes pour le second tour, mardi à 18 heures. Comme depuis 2001, socialistes et écolos devraient s’entendre, malgré des désaccords de fond, notamment sur l’urbanisme. David Belliard n’a pas immédiatement répondu à l’appel de Hidalgo, se contentant d’appeler à reporter le second tour et de saluer le résultat de son camp.
Face à cette probable vague gauche écolo, Dati a peu de chances sans réserves de voix. Du côté de LR comme de celui de LREM, une alliance au sommet a été exclue. Mais l'ex-garde des Sceaux, qui entend faire figure de première opposante, a appelé «tous ceux qui veulent le changement à [la] rejoindre». La candidate LREM a, elle aussi, ouvert très grand la porte. «Il est de ma responsabilité de répondre au souhait de changement. Je tends la main à ceux qui partagent les mêmes objectifs», a lancé l'ancienne ministre de la Santé, faisant un clin d'œil appuyé à Villani. En fin de soirée, le mathématicien ne s'était toujours pas prononcé, expliquant seulement qu'il réunirait ses têtes de liste «pour échanger sur les perspectives qu'il convient d'ouvrir autour des valeurs de progrès et d'écologie». Pas vraiment la ligne Buzyn.
Au-delà du résultat parisien global, il faudra examiner les rapports de force dans les arrondissements. Les Parisiens votent pour des conseillers d'arrondissement qui élisent ensuite le ou la maire de Paris. Dans neuf arrondissements, les listes Paris en commun de Hidalgo arrivent en tête, contre six pour LR. Dans le XVe, c'est la candidate officielle de LR, Agnès Evren, qui devance le sortant, Philippe Goujon, qui s'est lancé en dissident. Idem dans le XVIe, où Francis Szpiner, investi par LR, faisait face à deux dissidentes. LREM de son côté, est en première place dans le Ve et le IXe, avec Delphine Bürkli et Florence Berthout, deux sortantes issues de la droite. Dans le XVIIe, où Buzyn se présentait, c'est le LR Geoffroy Boulard qui obtient le plus de voix. Les écolos, enfin, ne sont en tête nulle part, y compris Belliard, qui arrive derrière la candidate socialiste dans le XIe. Dans plusieurs arrondissements, des triangulaires, voire des quadrangulaires, devraient avoir lieu. C'est le cas du XIVe, qui envoie un grand nombre d'élus au Conseil de Paris. Quatre listes pourraient se maintenir : la maire sortante de gauche Carine Petit mais aussi les candidats LR et LREM ainsi que Cédric Villani, dont la liste fait 12 %.