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Libération
«Chez Pol»

Dupont-Aignan et Notre-Dame, un quasi-modèle de complotisme

Un an après l'incendie qui a ravagé la cathédrale, le député continue de diffuser des thèses conspirationnistes sous couvert de questionnement.
Nicolas Dupont-Aignan à Paris en décembre 2018. (ERIC PIERMONT/Photo Eric Piermont. AFP)
publié le 16 avril 2020 à 12h31

L'incendie de Notre-Dame est éteint depuis longtemps mais les braises du complotisme, elles, sont toujours vives. Cela n'a rien d'étonnant puisque certains, par conviction ou plaisir, continuent de souffler dessus. Hier, à l'occasion du premier anniversaire du drame, Russia Today a diffusé un documentaire sur les origines du sinistre. Une vidéo où, par divers jeux de montage, la chaîne russe suggère que ce fait divers serait une étape dans l'affrontement entre la chrétienté et l'islam. Il faut voir cet extrait où, alors qu'un moine capucin estime que cet incendie est un «avertissement sur la situation dramatique de l'ensemble du catholicisme en France», deux femmes portant le voile et un homme d'origine africaine apparaissent en plans de coupe.

«Tout a été fait pour faire croire à un accident»

La subtilité n'étouffe pas non plus Nicolas Dupont-Aignan, seul politique à apparaître dans ce documentaire. Le député français et ancien candidat à la présidentielle reprend son refrain conspi entamé dès le lendemain du drame, en 2019. Il franchit un palier toutefois dans le complotisme assumé. «Tout a été fait pour faire croire à un accident, assène le président de Debout la France. Et, comme tous les Français, j'ai trouvé cette précipitation et cette thèse peu vraisemblables.»

Pour appuyer ses dires, «NDA» évoque un climat «antichrétiens» en France et «l'attentat» commis à l'église Saint-Sulpice quelques jours avant Notre-Dame. Un attentat, là aussi ? Un tas de vêtements avait été incendié devant la porte de l'édifice, endommageant fortement celle-ci. Acte criminel, certes, mais «aucun objet cultuel n'a été directement ciblé. On ne peut pas parler de profanation. Ce n'est pas une attaque antireligieuse», avait réagi à l'époque dans le Point le père Jean-Loup Lacroix.

«Sans esprit polémique»

S'il s'amuse à colporter ces thèses sur Notre-Dame depuis un an, Dupont-Aignan refuse pourtant l'étiquette de complotiste – évidemment. «J'ai juste dit que, pour le simple fait que je pose la question, j'ai été mis à l'index. Oui, dès le début, on nous a dit via dépêche AFP que l'enquête serait longue mais que c'était un accident. Curieux, non ?», s'interroge-t-il auprès de Chez Pol, «sans esprit polémique».

D'autres se sont chargés de cette posture pour lui. A l'automne dernier, après avoir tiré contre une mosquée à Bayonne, l'ancien militaire et candidat FN aux départementales Claude Sinké avait expliqué aux enquêteurs avoir voulu «venger la destruction de la cathédrale de Paris», qu'il attribue aux musulmans. Une piste criminelle exclue par les enquêteurs depuis longtemps.