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Le «non mais oui» de Valls à un gouvernement d’union nationale

Interrogé sur RMC, l’ancien Premier ministre refuse pour l’instant d'envisager son retour aux affaires. Pour l’instant ?
Manuel Valls en septembre 2018 à Barcelone. (Photo Josep Lago. AFP)
publié le 16 avril 2020 à 14h25

De l'usage, avec maestria, du «et en même temps» présidentiel. Manuel Valls, qui ne tarit pas d'éloges sur la gestion de crise sanitaire par Emmanuel Macron depuis un mois, a estimé jeudi que la question d'un gouvernement d'union nationale ne se posait pas «en pleine guerre» contre le Covid-19. Mais l'ancien Premier ministre, élu député sous les couleurs LREM en 2017 avant de s'exiler à Barcelone, n'a pas pour autant fermé la porte à un retour dans l'exécutif.

Invité des Grandes gueules sur RMC, le désormais conseiller municipal catalan a commencé par moquer les rumeurs de presse assurant que le chef de l'Etat travaillait à une équipe transpartisane pour gérer l'après-coronavirus et qu'il était intéressé par des profils comme Nathalie Kosciusko-Morizet, Stéphane Le Foll ou… Manuel Valls. «C'est indécent à ce niveau-là, a fait valoir l'intéressé à la radio, en duplex depuis les Baléares, où il est confiné depuis le 12 mars. Nous sommes en pleine guerre contre le virus, la pandémie est là et les uns et les autres, on se pousserait du col en disant : et moi et moi et moi ? […] J'ai toujours dit qu'évidemment, si je pouvais aider mon pays, je le ferais, et je pourrais le faire de mille manières, mais le moment n'est pas venu.» Pour l'instant. Car il y a un «mais» dans la suite de sa démonstration. Manuel Valls : «Mais je dis aussi qu'en France comme en Espagne, on a besoin de force et d'unité.» D'où son déluge de messages, d'encouragements et de félicitations à l'égard du gouvernement français sur Twitter depuis le début de l'épidémie.

«Grande force industrielle»

Le coup de canif (probablement) involontaire à ce soutien en béton armé de Valls à Macron est passé totalement inaperçu pendant les vingt-cinq minutes d'entretien. Interrogé sur la gestion des stocks de masques pendant le quinquennat Hollande, l'ancien chef du gouvernement est revenu sur le «changement de doctrine» de 2011, confirmé en 2013, consistant à demander à tous les employeurs de gérer eux-mêmes leurs besoins, abandonnant la gestion d'Etat. Mais y a-t-il eu des destructions de stocks d'Etat pendant qu'il était à Matignon comme certains l'ont laissé entendre ? «Je ne cherche pas d'excuse par rapport à mes propres responsabilités, [mais] je n'ai pas eu directement ce type de choix à faire», a-t-il affirmé avant de glisser : «c'est à vérifier, mais il semble qu'en 2017, il y avait à peu près les stocks stratégiques nécessaires».

Soit le discours tenu par l'ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine, qui interroge sur les décisions prises ensuite par la nouvelle majorité macroniste. Partisan d'une intégration européenne forte, Manuel Valls a appelé au passage à bâtir une «grande force industrielle» capable de résister à la Chine, et veut désormais «relocaliser» une partie de la production en France. Comme un certain Arnaud Montebourg, qu'il avait nommé à Bercy avant de le virer quatre mois plus tard en 2014 ? «C'est gonflé», lui fait remarquer une journaliste. Réponse de Valls : «Quand on reconnaît ses erreurs, on est gonflé, quand on ne les reconnaît pas, on est péremptoire.» CQFD.