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Libération
Chez Pol

11 mai : Jean-Michel Blanquer voit uniquement les exemples qui l'arrangent

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Le ministre de l'Education nationale déforme un peu la réalité pour justifier une réouverture précoce des écoles.
Jean-Michel Blanquer en août 2019. (Photo Christophe Archambault. AFP )
publié le 27 avril 2020 à 16h52

C'est un peu la théorie de la relativité appliquée à la politique : en prenant les exemples qui arrangent, on peut toujours trouver des faits pour aller dans son sens. Jean-Michel Blanquer l'a parfaitement démontré ce week-end, en manipulant les faits pour coller à sa position, et celle du Président, de rouvrir les écoles à la date – qui fait débat – du 11 mai, même si certaines dernières études affirment que les enfants sont moins contagieux.

Premier exemple : samedi, le fameux conseil scientifique, qui conseille l'exécutif, voit ses deux derniers avis enfin rendus publics sur le site du ministère de la Santé. Dans l'un de ces avis, ceux qui ont orienté jusqu'ici les décisions d'Emmanuel Macron s'opposent à une réouverture des crèches, écoles, collèges et lycées le 11 mai et recommandent une reprise en septembre. Mais, bizarrement, le ministre de l'Education nationale ne communique pas sur cet avis par ailleurs publié tardivement, mais sur le second, qui «prend acte» de la décision politique du 11 mai en ajoutant ses préconisations si cette date était finalement choisie. «Avec cette note du conseil scientifique, nous avons la base pour l'élaboration du protocole sanitaire annoncé pour donner un cadre sûr au déconfinement scolaire», se réjouit pourtant Blanquer dans un tweet, omettant sciemment l'autre avis qui ne va pas dans le sens du vent présidentiel.

Deuxième exemple : hier, Jean-Michel Blanquer se lève comme un dimanche, lit le JDD et est tout content de voir un article expliquer pourquoi le Danemark rouvre déjà ses écoles. Ni une ni deux, le ministre se dit que c'est une bonne matière «pour nourrir la réflexion», comme il le tweete, et répondre aux critiques nombreuses et variées sur le retour en classe, certes progressif, le 11 mai. Bizarrement (bis), ce tweet sera ensuite supprimé. L'exemple danois n'était peut-être pas le plus pertinent pour soutenir une réouverture précoce des écoles françaises. La situation hexagonale (nombre de cas avérés de contaminations au Covid et nombre de décès) est bien plus proche de celle de l'Italie (26 000 morts) que du Danemark (418 morts). Le jour même, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte annonçait lui que «l'école rouvrira en septembre», pour ne pas mettre «en jeu la santé des enfants», soulignant que «tous les scénarios préparés par un comité d'experts prévoyaient des risques élevés de contagion en cas de réouverture avant septembre».