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Libération
«Chez Pol»

Droite et extrême droite réclament la tête de Sibeth Ndiaye sur la base de propos tronqués

La porte-parole du gouvernement est accusée d'avoir encouragé, sur France 3, les violences contre les policiers. Sauf qu'elle a dit l'exact contraire.
Sibeth Ndiaye, en septembre 2019, à l'Elysée. (Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 22 juin 2020 à 10h46

«Là, la provocation dépasse l'admissible ! Comment Sibeth Ndiaye peut-elle encore rester au gouvernement ? Comment le ministre de l'Intérieur peut-il ne pas condamner ces propos ? Comment Macron peut-il encore la défendre ?» En ce lundi matin, Thierry Mariani est en colère et il le fait savoir. L'eurodéputé RN (et ex-LR) s'insurge contre des propos tenus la veille par Sibeth Ndiaye sur France 3 et relayés par le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). On y entend la porte-parole du gouvernement évoquer l'arrestation de Farida C., cette infirmière violemment interpellée lors de la manifestation des soignants, la semaine dernière à Paris. «Je ne saurais pas expliquer à mes enfants s'il est normal ou pas de jeter des pierres sur les forces de l'ordre», affirme Sibeth Ndiaye. Des mots jugés «indignes» par le syndicat et par une bonne partie de la droite de la droite.

«Cette personne doit être traduite en justice pour provocation à la haine et à la violence», estime ainsi le président du groupe RN à la région Ile-de-France, Wallerand de Saint-Just – avant de supprimer son tweet. «Grave d'entendre ça. Virez-la !», enrage le porte-parole du RN Julien Sanchez. «A ce niveau de responsabilité, ces propos forment une faute lourde. Sibeth Ndiaye doit démissionner. Elle déshonore l'Etat. Elle déshonore la France», abonde l'eurodéputé RN et proche de Marine Le Pen Jean-Lin Lacapelle. «Ignobles paroles, renchérit la députée LR Valérie Boyer. Pire, ces lamentables propos ne sont ni sanctionnés ni dénoncés.» Souvent, les messages sont accompagnés du hashtag #JeSoutiensLaPolice.

Des réactions pour le moins violentes. Un acte, pourtant, aurait permis d'atténuer leur colère : écouter l'extrait de l'interview de Ndiaye. Car, si l'on écoute les mots de la porte-parole avant et après cet extrait découpé par le SCPN, on comprend qu'elle dit l'exact inverse de ce que des élus RN et LR lui reprochent.

«Il faut que la justice se fasse»

«Je comprends l'émotion qu'a suscité l'image de son arrestation. Mais en même temps, je ne saurais expliquer à mes enfants s'il est normal ou pas de jeter des pierres sur les forces de l'ordre. A un moment donné, il faut qu'on soit capable de considérer que la justice est la même pour tous», commence-t-elle. Puis elle ajoute : «Il peut y avoir des circonstances atténuantes. Ça ne m'appartient pas de le dire, c'est au juge de le faire. On peut tous être amenés, dans des circonstances particulières, à être à bout de nerfs. Est-ce que ça justifie qu'on jette des pierres sur les forces de l'ordre ? Que dirions-nous au fils ou à la fille du CRS qui reçoit cette pierre dans le visage ? C'est pas grave ? Non, on ne peut pas le dire. Donc il faut que la justice se fasse.»

Mais la droite – extrême ou non – n'est pas la seule à tomber à bras raccourcis sur Ndiaye en tronquant ses propos. Sur Sud Radio ce lundi matin, les présentateurs ont voulu faire réagir François-Xavier Bellamy en diffusant le passage coupé par le SCPN. Mais l'eurodéputé LR avait, lui, regardé l'intégralité de la séquence et dénonce donc un «mauvais procès» fait à l'encontre de la porte-parole. «Je ne crois pas qu'on ait besoin de tant de mots pour dire une chose très simple : il ne faut pas jeter de pierres sur les policiers, un point c'est tout», assène Bellamy.