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Paris : réélue, Anne Hidalgo remanie

Au conseil de Paris, la maire sortante a été réélue avec 96 voix sur 163 et a désigné ses adjoints.
A Paris, ce vendredi lors de la réélection d’Anne Hidalgo comme maire de Paris. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 3 juillet 2020 à 15h25

Pendant que le gouvernement démissionnait, Anne Hidalgo nommait le sien. La socialiste a été officiellement réélue maire lors d’un conseil de Paris ce vendredi matin. Dimanche, elle est arrivée largement en tête du scrutin, avec 49% des voix, devant Rachida Dati (34%) et Agnès Buzyn (13%). Mais l’élection se joue en trois tours dans la capitale : les Parisiens élisent des conseillers dans leur arrondissement, qui votent ensuite pour le maire de Paris. Avec 96 élus sur 163, il s’agissait d’une formalité. Il y a un an pourtant, rares sont ceux qui l’auraient imaginé. Juste avant de soumettre officiellement la candidature d’Anne Hidalgo, Rémi Féraud, le chef des socialistes parisiens, a d’ailleurs cité une phrase du livre de la maire, Respire : «On me dit que je vais perdre, pourtant, nous allons gagner.» Aidée par la désastreuse campagne des marcheurs parisiens, la maire sortante s’est donné raison.

«Les Parisiennes et les Parisiens nous ont donné le mandat d'aller plus loin, pour faire une ville plus juste, plus agréable à vivre», a-t-elle déclaré lors de son discours. «Nous sommes la dernière génération à pouvoir agir avant qu'il ne soit trop tard», a poursuivi la socialiste, convertie à l'écologie. Tout au long d'une campagne tout en vert, elle a marqué sa différence avec ses concurrentes de la droite et du centre sur ce sujet, les accusant de vouloir revenir en arrière au lieu de passer à la vitesse supérieure. La maire, aux manettes pendant la pandémie, est également longuement revenue sur cette période : «Ce que j'ai vu pendant des semaines me marquera toute ma vie. […] Au-delà de la crise sanitaire, c'est une crise bien plus profonde qui nous touche aujourd'hui. Nous avons pris conscience de la valeur de la vie.» Après avoir salué les agents du service public et notamment les soignants, elle a rappelé le plan d'aide de la mairie, qui va des professionnels de la culture aux commerçants en passant par les jeunes.

Une élection sans adversaire

La républicaine Rachida Dati, qui incarne la première force d'opposition à la mairie, avait décidé de ne pas présenter de candidature face à Anne Hidalgo. «Je tire les conséquences du vote exprimé dimanche», a-t-elle expliqué. Tout en appelant celle qui l'a battue à garder le taux d'abstention record (63%) en tête et à faire preuve «d'humilité». Danielle Simonnet, qui représentait les insoumis, a elle aussi passé son tour, en se félicitant du crash de la majorité à Paris et en promettant de continuer à incarner une bruyante opposition.

Côté alliés, l'écologiste David Belliard a promis son soutien à la maire : «Tu pourras compter sur nous. Nous sommes des partenaires fiables exigeants et constructifs.» Les Verts, qui ont rejoint les listes d'Anne Hidalgo au second tour, vont récupérer la mairie du XIIe arrondissement. Arrivé en tête, le socialiste Emmanuel Grégoire laisse sa place à la verte Emmanuelle Pierre-Marie. Pendant les négociations d'entre-deux-tours, une mairie a été promise aux écolos. Les alliés ont un temps lorgné le Ve, qu'ils espéraient faire basculer. Après la victoire de la sortante de droite Florence Berthout, ils se sont donc rabattus sur l'arrondissement gagné par le premier adjoint d'Anne Hidalgo. Omniprésent pendant la campagne, Grégoire, qui occupe le poste depuis 2018, a été reconduit. Il récupère en plus le gros portefeuille de l'urbanisme, jusqu'ici géré par Jean-Louis Missika, qui a décidé d'arrêter la politique parisienne après la campagne. Le communiste Ian Brossat, également très impliqué dans la campagne, garde de son côté le logement. Restent également : Dominique Versini au social, Patrick Bloche à l'éducation ou encore l'écologiste Anne Souyris à la santé. David Belliard, lui, s'occupera d'un portefeuille regroupant la transformation de l'espace public, les transports, le code de la rue et la voirie. Christophe Najdovski, qui a conduit la liste EE-LV en 2014 et s'occupait des mobilités, passe aux espaces verts. Du côté des nouveaux entrants : Audrey Pulvar récupère l'alimentation et l'agriculture urbaine et Arnaud Ngatcha, cadre à France Télévisions, les relations internationales.

Un «vote présidentiel»

En tout, 37 adjoints ont été désignés. Un choix immédiatement dénoncé par l'opposition, qui critique la gestion des finances de la ville, mais validé par l'hémicycle parisien après un lapsus d'Anne Hidalgo. En plein remaniement du gouvernement, la maire de Paris a appelé le conseil à un «vote présidentiel».

La nomination de Christophe Girard au poste d’adjoint à la culture a fait grincer des dents d’opposants et d’alliés. L’élu, qui occupait déjà ce poste, a été entendu par la police en mars dans le cadre de l’affaire Matzneff. Les enquêteurs s’intéressent au soutien financier dont l’écrivain, accusé de pédophilie, a bénéficié de la part de la maison Yves Saint Laurent, à une époque où Christophe Girard en était le secrétaire général. «J’espère, Madame Hidalgo, qu’en préparant votre exécutif, vous avez été plus attentive aux exigences de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Nous n’oublions pas l’affaire Matzneff», a tweeté Danielle Simonnet. La militante féministe Alice Coffin, qui a été élue sur une liste EE-LV, a aussi dénoncé cette nomination : «Il a été expressément demandé à la mairie de renoncer à ce choix. Sans succès jusqu’ici. Trois ans après MeToo, quelques mois après la publication du livre “le Consentement” et les Césars, la mairie de la capitale française ne voit pas le problème d’un tel choix.» Sur Twitter, Girard a fait savoir dès jeudi soir qu’il entendait porter plainte en diffamation. Contre une membre de la nouvelle majorité municipale.