Comme au théâtre, une toile de fond tombe sur scène et transforme le décor. Au parc de Matignon succède l'horizon marin ; aux murs beiges du VIIe arrondissement, le sévère urbanisme havrais. Et l'acteur, au milieu, change aussitôt de rôle. Edouard Philippe n'est plus Premier ministre. Il a remis vendredi la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron, l'Elysée annonça aussitôt la nomination imminente d'«un nouveau Premier ministre». Après 1 145 jours à la tête du gouvernement, l'homme va retrouver son fauteuil de maire du Havre, dont l'avait tiré sa nomination par Emmanuel Macron en mai 2017. Aux électeurs qui viennent de le lui rendre, il avait annoncé le dénouement, mais pas l'heure : un retour «au plus tard en mai 2022, peut-être beaucoup plus tôt». Sans doute ne dira-t-il pas laquelle de ces options aurait eu sa préférence.
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Philippe s’en va sur cette humeur incertaine et des sondages avantageux. Ces derniers le désignaient, ces temps-ci, comme l’homme fort de son camp. Beaucoup y voyaient la garantie d’une prolongation de bail, avec d’autant plus de certitude que le Premier ministre avait déjà survécu à différentes rumeurs de départ : les unes le sacrifiant au mouvement des gilets jaunes, les autres en faisant une tête de liste aux européennes d