Elle n'aura pas réussi à «imprimer» et aura eu relativement peu de marge de manœuvre. D'autant qu'Emmanuel Macron a largement préempté les sujets écologiques. A la tête du ministère de la Transition écologique et solidaire depuis juillet 2019 et la démission de François de Rugy, Elisabeth Borne disait «assumer» un profil très technique, maîtrisant ses dossiers mais disposant de peu de poids politique. L'ex-préfète de la région Poitou-Charentes et ancienne patronne de la RATP, passée par la direction de cabinet de Ségolène Royal à ce même ministère, assurait en mars à Libération vouloir «porter une écologie positive» tout en gérant la «complexité» de la transition écologique.
Plusieurs chantiers menés à terme
Concrètement, elle aura mené à terme plusieurs chantiers lancés par ses prédécesseurs. Comme la mise à l'arrêt définitive, fin juin, de la centrale nucléaire de Fessenheim, en Alsace, doyenne du parc d'EDF. Ou la défense du projet de loi énergie-climat, adopté par le Parlement en septembre 2019. Un texte qui prévoit la réduction de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici 2030 (contre 30% précédemment), la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022 et le report de 2025 à 2035 de la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique.
Elisabeth Borne a aussi été chargée d'annoncer en novembre l'abandon du projet EuropaCity, un mégacomplexe de loisirs et de commerces qui devait voir le jour sur le Triangle de Gonesse, au nord de Paris. Autre fait marquant, l'adoption cet hiver de la loi «antigaspillage pour une économie circulaire», préparée et portée par sa secrétaire d'Etat Brune Poirson, présente au ministère depuis le début du quinquennat Macron. Une loi plutôt ambitieuse, qui encourage la réparation des produits, interdit la destruction des invendus non alimentaires, lutte contre les dépôts sauvages dans la nature, ou renforce l'application du principe pollueur-payeur.
Bilan assez maigre
A l'approche du déconfinement, en mai, la ministre Borne a annoncé un plan de 20 millions d'euros destiné à inciter les Français à choisir le vélo pour les déplacements du quotidien, en prenant notamment en charge des réparations. Un montant qu'elle a triplé fin juin, pour viser «le million de vélos remis en état d'ici à la fin de l'année». La semaine dernière, elle assurait encore le service après-vente des réponses d'Emmanuel Macron aux travaux de la Convention citoyenne pour le climat, en assurant que les 146 propositions (les 149 des citoyens, moins trois «jokers» présidentiels) «seront mises en œuvre». Et confirmait le report de la sortie du glyphosate, en affirmant dans une interview au Parisien que l'interdiction des «principaux usages» de l'herbicide controversé aura lieu «avant la fin du quinquennat»… C'est-à-dire avant mai 2022, et pas d'ici 2021 comme l'avait promis Macron en 2017.
Le bilan d'Elisabeth Borne est donc assez maigre. A sa décharge, le poste de ministre de l'Ecologie est réputé «impossible». Tous ses prédécesseurs en ont fait l'expérience, y compris Nicolas Hulot, qui l'a martelé lors de sa démission fracassante en août 2018 : tant que le sommet de l'Etat et les rouages de nos institutions seront aux mains de lobbys servant des intérêts privés, celui ou celle qui occupe ce poste aura au mieux «un peu d'influence», mais «pas de pouvoir». Elle quitte ce ministère pour celui du Travail ; c'est la députée Barbara Pompili qui devient la quatrième ministre de la Transition écologique du quinquennat.