A la veille d’un probable troisième reconfinement le gouvernement se préoccupe des banlieues. Le Premier ministre, Jean Castex a annoncé ce vendredi une quinzaine de mesures dont le déblocage de 2 milliards d’euros de plus dans les quartiers populaires, à l’occasion d’un Comité interministériel de la ville, à Grigny en Essonne.
Cette nouvelle enveloppe s'ajoute aux 10 milliards d'euros de la dotation de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Elle doit notamment servir à «débloquer des projets en attente de financements, notamment des gros quartiers à Marseille ou en Ile-de-France», a précisé Matignon.
Avec ces annonces le gouvernement pose la première brique de son agenda «égalité des chances» qui doit se décliner en plusieurs volets dans les semaines à venir. De quoi tenter de repropulser sa politique de la ville, après l'enterrement en mai 2018 par Emmanuel Macron du «plan banlieue» concocté par Jean-Louis Borloo, les élus et les associations.
Lutter contre la pauvreté
L'exécutif veut ainsi répondre à «l'appel au secours» d'une centaine d'élus lancé en fin d'année dernière, inquiets de la «détresse sociale et économique» de leurs habitants.
D'après le ministère de la ville, dans les quartiers populaires, le taux de pauvreté est de 40 %, soit trois fois la moyenne nationale, et le taux de chômage à plus de 22 %. Ces derniers mois, l'épidémie a eu pour conséquence un «recours accru aux aides sociales» dans ces territoires.
Dans le cadre de ce plan, Jean Castex a promis qu'au moins 1 % du plan de relance, soit 1 milliard d'euros, serait destiné aux quartiers défavorisés.
Le Premier ministre a aussi annoncé la création de sept nouveaux quartiers de reconquête républicaine et le déblocage de six millions d'euros supplémentaires pour le recrutement de 300 médiateurs et 300 éducateurs spécialisés dans les quartiers à l'été 2021.
Concernant l'éducation, il a reconduit les dispositifs de «vacances apprenantes» et de «quartiers d'été», dont un million de jeunes ont profité en 2020 après la sortie du premier confinement. Et pour lutter contre le chômage, 500 conseillers Pôle emploi supplémentaires seront également affectés dans les agences situées dans les quartiers prioritaires.
Un petit virage à gauche ?
Ce plan doit permettre de former une «jambe gauche», selon un conseiller ministériel, par rapport au projet de loi de lutte contre le «séparatisme», actuellement à l'examen au Parlement, qui incarnerait donc la droite.
«Le combat contre l'islamisme est un combat essentiel qui vise à défendre la République et à protéger les musulmans de France», a insisté Jean Castex durant la conférence.
En ce sens, d'autres mesures sont aussi attendues notamment celles contre les discriminations, sur l'accès aux responsabilités dans la fonction publique ou encore la possible généralisation de la «garantie jeunes», à savoir une allocation mensuelle d'un montant maximal de 497 euros, pour les jeunes de 16 à 25 ans, en recherche d'emploi et en précarité financière. Contrairement au RSA, la «garantie jeunes» n'est pas conditionnée à une période préalable de travail.