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Portrait

Valeria Bruni-Tedeschi. La tragédie du bonheur

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Dans la famille Bruni, après la cadette top model, voici l'ainée: comédienne et tourmentée, récompensée l'an dernier par un césar du jeune espoir féminin, enfant fortunée cultivant ses égarements. Comme dans Oublie-moi, film de Noémie Lvovsky qui sort demain.
publié le 24 janvier 1995 à 0h00
(mis à jour le 24 janvier 1995 à 0h00)

- Dix fois, vingt fois, le mot «peur» va revenir dans sa conversation. Valeria Bruni-Tedeschi ne se déplace jamais sans ses tourments. Elle avoue tout, et même un peu plus, sans qu'il soit utile de la mettre à la question. Qu'elle a peur du noir, de la mort, des catastrophes humaines, bref, de tout, tout le temps, et depuis toujours. «La peur est mon sentiment principal, quelque chose de familier dont je me passerais bien parce que ça m'empêche d'aller vers le désir», dit-elle, avec des airs de Vénus de Botticelli en chemin pour l'échafaud. Il suffit de la trouver «inquiète» pour qu'elle ait encore plus peur de passer pour ce qu'elle est, ou ce qu'elle n'est pas.

Si peu vantarde qu'elle fait figure de trop modeste, Valeria Bruni-Tedeschi est une actrice professionnelle en pleine ascension, qui rit gentiment des mauvaises blagues et laisse flotter de longs instants de silence. Avant de glisser qu'elle aimerait bien être en paix, que cesse cette guerre de tranchées avec elle-même. Clause de style ou malaise réel? «Quand elle joue, elle souffre vraiment», dit Laurence Ferreira-Barbosa, la réalisatrice des Gens normaux n'ont rien d'exceptionnel, qui valut l'année dernière à Valeria de glaner le césar du meilleur jeune espoir féminin. «Elle a besoin de plonger dans ses tourments pour progresser. Dans la vie aussi, mais elle gère tout cela extrêmement bien.» En tout cas, l'illusion est parfaite.

La première anecdote que Valeria Bruni-Tedeschi raconte spontanément est le souvenir d

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