SAHRA WAGENKNECHT. Stalinienne convaincue, cette Berlinoise de l'Est
anime la fraction la plus dure du PDS, le Parti communiste est-allemand rénové. A 25 ans, elle a la nostalgie de feu la RDA et du Mur, comme rempart contre le capitalisme. Une jeune fille qui ne plaisante pas.
- Pour aller rendre visite à la dernière indécrottable stal' de la défunte République démocratique vouée à l'oubli, il faut emprunter la Karl-Marx Allee et filer toujours tout droit. Efficace, sans un souffle d'humour, Sahra Wagenknecht indique le chemin à ses visiteurs. Au troisième étage d'une maison jadis bourgeoise, dont quarante années de socialisme réellement existant ont finement écaillé la façade, une très jeune fille de 25 ans ouvre timidement la porte. Fluette, les sourcils épilés en ailes d'oiseau et le visage pâli par une couche de fond de teint trop épaisse, Sahra Wagenknecht a un air vieillot, fleur bleue d'un autre âge, et ne ressemble certes pas au cerbère dépeint depuis des semaines par la presse allemande, avide de ne faire qu'une bouchée de cette scandaleuse «aux yeux d'acier». Déposée pêle-mêle sous le porte-manteau de l'entrée, une impressionnante nuée de ballerines vernies et d'escarpins à noeuds de couleur tendre, strass et paillettes.
Les préliminaires sont expéditifs. Un fauteuil tendu. Un verre d'eau. Un sourire poli vite écrasé sur le rebord de la lèvre. Et Sahra Wagenknecht s'enfonce, dès la première question, dans un tunnel récitatif que rien ne peut interrompre. «L'adject