Marlène est un tout petit bout de femme d'une quarantaine d'années.
Quelqu'un de gai, d'un peu rondouillard, une bonne vivante qui aime bien boire et manger. Un côté matrone italienne et pasta. «C'est ce qui fait mon succès avec mes mecs, assure-t-elle. Je suis leur trésor, leur chérie. On déconne de tout, on parle de cul, c'est parfois très cru et vraiment naturel. Dans l'ensemble, j'ai l'impression d'aller chez des copains pour leur rendre service.»
«Ses mecs» sont les malades du sida dont elle s'occupe à domicile parce qu'ils sont seuls, fatigués, ou que la famille ne peut s'en occuper. A faire les courses, le repas, le ménage, le repassage et l'administratif. L'affectif, la complicité et la tendresse aussi. Marlène est auxiliaire de vie à plein temps de l'association Vaincre le sida. Depuis cinq ans, elle se compare à «un moteur d'appoint qui vient en dépannage pour que le moteur principal se repose». Elle insuffle un peu d'air, de la joie de vivre, des rires, de la chaleur humaine, de la lumière. «On est un peu tout pour les malades, leur confidente forcément, leur mère, leur frangine.» Voire leur «mamie», comme on la surnomme tendrement à VLS.
Une «mamie» avec la gouaille de celle qui a longtemps roulé sa bosse, du côté d'Angoulême, où, dès l'âge de quatorze ans, elle vend des chaussures. Trime quelque temps à la chaîne, puis devient bonne à tout faire chez des particuliers. En 1971, enceinte, elle suit son mari dans la Loire, travaille dans des usines à couper des pieds