Pour recevoir en fin de matinée, Mylène Farmer a réservé une suite au Ritz. Une table est dressée, nappe blanche, couverts d’argent et Coca-Cola. Elle ne touche à rien, s’assoit au bord du canapé, sereine, agréable, les coudes sur les genoux, pâlotte en pantalon de daim sombre et pull vert tendre. Quand elle vivait à Paris, elle fréquentait les salons feutrés de ces palaces d’une autre époque le George V, le Lancaster. Aujourd’hui, elle ne fait que passer. «J’ai envie de voyager. Je n’ai pas de réponse sur l’avenir.» Elle est partie l’an dernier pour la Californie. Sans s’y installer. Elle a abandonné l’appartement parisien où elle passait le plus clair de son temps dans l’obscurité, rideaux tirés sur des murs de laque rouge et noir; où elle vivait entourée de peluches et de ses deux singes capucins («il n’en reste qu’un, ET, une femelle, un vrai caractère, susceptible, attentif...»). Elle avait envie de «voir la lumière». «Paris, c’était le noir. Je n’exclus pas l’idée que je suis partie pour me reconstruire.»
En octobre 1994, Mylène Farmer a découvert l’échec. Giorgino, film très ambitieux, dont elle était l’actrice principale et dont son compagnon, Laurent Boutonnat, l’auteur de ses clips, le compositeur de ses musiques, le producteur de ses disques, était le réalisateur, a connu un bide spectaculaire. 1.307.894 francs de recettes-guichet en trois semaines. Il avait coûté environ 80 millions de francs («entre 55 et 80 millions» selon Boutonnat dans Première) et dema