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Libération
Portrait

Au pays de Juliette cinoche.

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Publié le 11/04/1996 à 4h21, mis à jour le 11/04/1996 à 4h21

L’idéal, ce serait de faire le portrait de son rire: un rire sec et fort qui surgit souvent en porte-à-faux sans qu’on puisse détecter, un poil inquiet, ce qui a bien pu le susciter, ni surtout si c’est vraiment un rire pour rire. Juliette Binoche anxieuse et timide? On y songe avant de lui parler, lorsqu’elle débarque pour le thé, chargée de paquets (des achats dans une brocante) qui l’embarrassent d’autant dans sa tentative de domestication de sa petite chienne noire dévorante de vie. On se dit, en débitant des banalités qui donnent le répit de physiquement l’observer, que Juliette Binoche sans apprêt ni maquillage, dans son grand manteau noir en style rien du tout, c’est-à-dire normal, n’est pas une vedette, ni au sens noble où l’entendait autrefois le cinéma, ni au sens dégoûtant où le conçoit aujourd’hui la télé, à l’heure où «vedette» est devenu synonyme d’une marque de machine à laver.

Non, Juliette Binoche n’est pas une vedette. Et elle le sait. Elle est une grande actrice. Ce n’est pas la même chose. Et elle le sait aussi. Bien que ce soit le genre de considération qui justement la fait crier de rire. Et, passé le stade d’un compliment calamiteux où on ne peut s’empêcher de lui faire part du bonheur de la rencontrer, il faut essuyer la griffe de son humour félin: «Oh, oh! je vois que l’attaché de presse s’est déplacé, c’est que ça doit être une interview importante, alors?» Si c’est ainsi que Juliette Binoche conçoit le rapport humain, tout de suite sur la sellette d