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Portrait

Michel Boulangé, 39 ans, plasticien, repart pour quatre saisons au Japon, perfectionner sa maîtrise de la cérémonie du thé. L'esthète du thé

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publié le 13 février 1998 à 20h14

Avec une petite louche en bambou, prendre de l'eau dans le récipient

en fonte posé sur les braises. La verser dans un bol" Depuis douze ans, Michel Boulangé «fait du thé». Mais ce n'est que depuis cet hiver qu'il pense avoir compris comment se servir de cette louche: «Il ne faut plus sentir son poids.» Le corps doit la saisir, l'élever, l'accompagner quand elle va prendre l'eau; puis revenir à l'équilibre pour verser le liquide. Si le geste est parfait, souple et harmonieux comme un pas de danse, il restera à jamais sublime dans l'esprit des convives. La maîtrise de cet art peut prendre des années. Cela peut faire sourire le cuisinier mais guère le percussionniste qui sait combien de temps lui a coûté la contrôle du poids de sa baguette pour donner du son à la note.

Michel Boulangé part à Kyôto, au Japon, en avril, «pour quatre saisons». Au sein de la fondation Urasenke du Grand Maître Soshitsu Sen, quinzième descendant du grand maître de thé du XVIe siècle Sen Rikyû, il va approfondir sa technique de la cérémonie du thé. Artiste plasticien, Michel Boulangé «est infiniment reconnaissant» d'être invité dans ce temple de l'esthétique. Seuls une vingtaine d'étrangers y sont admis chaque année.

La cérémonie du thé est la synthèse de tous les arts traditionnels japonais, un art total où seule la musique n'est pas conviée. Autrefois apanage des guerriers et seigneurs, ce rite a échappé au déclin en devenant, au début du siècle, indispensable à l'éducation des jeunes filles. Aujourd'