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Libération
Portrait

Anne Carpentier, 50 ans. Fondatrice de «la Feuille», elle a fait de son hebdo un «Canard enchaîné» du Lot-et-Garonne. La pétroleuse de la gazette.

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publié le 2 janvier 1999 à 23h23

A Villeneuve-sur-Lot, Anne Carpentier est un «Robin des bois», ou

une «Jeanne d'Arc anachronique». Elle incarne, seule, la Feuille, hebdomadaire départemental, imprimé dans l'ancienne salle à manger de sa fondatrice, vendu à 6 000 exemplaires. Assez pour faire trembler un département entier. Un «petit Canard enchaîné», dit-on souvent, un cas unique dans la presse locale. Il répand, en dénonçant petits et grands scandales, une saine peur de l'information et un antidote au clientélisme politique. «Chaque département est une mini-Corse», assure la directrice. Elle s'est posée en Lot-et-Garonne. Un peu par hasard. A la grande contrariété des dirigeants locaux. A la limite du «tous pourris», elle a choisi le clan des «petits».

«La Feuille? C'est vulgaire, dérangeant, donneur de leçons», s'énerve à l'inverse une jeune femme. Anne Carpentier ne serait pour ses détracteurs qu'une excitée un peu lassante, toujours à la recherche de la petite bête, quand cette sous-préfecture, sous le soleil, évoque tout sauf les soucis. En fait de folle dingue, on se retrouve en face d'une femme timide, pondérée, presque honteuse de s'avouer «gavée de bonheur». Les pommettes rougissent sous les grands yeux bleus. De dérangée, on ne voit qu'une touffe de cheveux blonds. N'était l'absence d'enfants, le tableau serait idyllique.

Tout se bouscule quand pointe l'injustice, sa seule obsession. Celle qui la met à cran. «Parfois trop, elle ne laisse jamais de deuxième chance», dit une proche. Quel journaliste

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