Lord Monkswell n'a pas peur de sa reine. En janvier 1999,
lorsqu'Elizabeth II annonce l'abolition des pairs héréditaires décidée par Tony Blair, un sacré chahut court les rangs rouge et or de la Chambre des lords. Des «shame, shame» («honte, honte») d'indignation, des «hear, hear» («oyez, oyez») d'approbation sortent de dessous les perruques et les robes de velours et d'hermine. Un crime de lèse-majesté qui «rompait avec des centaines d'années de tradition et était une insulte directe à la reine», selon le chroniqueur parlementaire de la BBC, qui a identifié l'un des coupables, lord Monkswell. Lord atypique, barbu et Labour, aristo et sans-culotte. «J'ai juste murmuré hear, hear dans mon coin. Je n'ai pas pu me retenir», raconte ce lord, qui célèbre sa propre extinction. «Je croyais que personne n'entendrait mais, même si nous étions 700, finalement cela a fait beaucoup de bruit.»
Dans le Who's who des parlementaires britanniques, lord Monkswell a placé «démocratie» parmi ses hobbies et il a beau être baron, cinquième du nom, il n'est pas du genre snob. «Je dois être le lord le plus à gauche du Parlement», explique-t-il, en roulant, tranquille, ses cigarettes bien serrées dans l'imposante salle à manger de la Chambre. Marxiste avec une pincée de Keynes. Costume noir croisé, mais avec un petit tricot sous la veste.
«Cette question des lords héréditaires a toujours été un problème pour les gouvernements travaillistes progressistes et je suis très content que Tony Blair ait annonc