C'est un modeste, Tonton Simon, et il y en a que ça énerve. Il
déborde d'indulgence, pardonne à ceux qui l'ont offensé, le visage un peu las et le sourire constipé. Il traîne sans protester tous les péchés du monde, porte les affrontements de la campagne comme des stigmates et laisse venir à lui les petits enfants, ce qui est bien vu pour un pédiatre. Simon Renucci assure qu'il ne fait pas campagne, c'est d'ailleurs tout juste s'il fait de la politique. Les militants, dans ses meetings, portent des rameaux d'olivier, et le docteur ruisselle de bonté: le moyen est inédit en Corse mais redoutablement efficace, et sa liste a passé, dimanche, le Jourdain: le bon docteur Renucci, nouveau conseiller territorial divers gauche, après avoir soigné les corps, s'attaque aujourd'hui aux âmes après un passage remarqué par les urnes. Tonton Simon fait un carton, et pas seulement dans son canton. Il a obtenu 9,67% des suffrages et a autant d'élus à lui tout seul que le PCF et le PS réunis.
La politique ne l'a pas changé. La médecine était déjà pour lui un apostolat. Quand il serre une main, Simon Renucci en profite pour prendre le pouls. Lorsqu'il croise un adversaire politique auquel il trouve grise mine, il lui glisse sous le nez un «Souffrez que je vous soigne». Candidat socialiste à Ajaccio aux législatives de 1997, il manque d'assassiner José Rossi, député UDF sortant et politique professionnel, par 25% au premier tour et 48% au second. Le lendemain du scrutin, un gamin avale de trave