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Libération
Portrait

Nicolas Vanier, 36 ans, traverseur du Grand Nord en traîneau à chiens. Aventures en fourrures à l'ancienne. Vous avez dit blizzard?

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publié le 10 avril 1999 à 0h41

Il y a peu, il devait s'éveiller périodiquement pour expulser le

bouchon de gel qui lui givrait les moustaches et menaçait de lui obstruer les bronches. Là, il trouve qu'il commence à faire un peu frais, ce soir de printemps tempéré, au plus doux des bords de Loire. Il y a peu, il dormait en boule au milieu de ses chiens d'attelage, de ses «athlètes» du Grand Nord, croisement de sibériens et de groenlandais, meute puissante et violente, pouvant suivre aveuglément son chef comme lui sauter à la gorge. Là, il propose de se lancer dans une promenade à la brune afin de surprendre biches et faons, laies et marcassins, faisans et perdreaux, qui gîtent paisiblement au coeur de son territoire solognot. Il y a peu, il était voyageur du froid, seul dans le Grand Nord de sa vocation à vivre comme avant, à l'ancienne mode des peuples soi-disant préservés. Là, il y a Paris-Match au téléphone, des voitures dans l'allée, une tête de caribou au mur, des fusils au râtelier, et femme et enfants qui jouent à la pétanque" Nicolas Vanier rentre d'une traversée du Canada en traîneau. Pacifique-Atlantique, via les Rocheuses. 8 600 kilomètres en moins de cent jours. Dix chiens, un engin en carbone conçu comme une F1 par Renault, six motos-neige en traceurs de piste, 1,4 million de francs de budget, et «que du stress, pas de plaisir, tout qui devenait dur, douloureux». Quatre heures de sommeil en moyenne, des températures aux alentours de ­ 45° C, les chiens qui le désarçonnent sans faire gaffe et