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Libération
Portrait

Benoît Sokal, 45 ans, auteur BD, créateur de l'Inspecteur Canardo, s'est mis à concevoir des jeux vidéo. Avec succès. Dépit de bulles.

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publié le 18 mai 1999 à 1h04

«Le jeu vidéo a donné un coup de vieux à la BD: c'est là que l'image

vit aujourd'hui», dit-il. Et vieillir, Sokal ne supporte pas. Il trouve «sordides» ces mains qui «tremblotent», cette vie qui «se rétrécit». Alors, la quarantaine venue, le créateur de l'Inspecteur Canardo, sorte de Mickey déglingué au pays du polar, a voulu retrouver «le côté Far West des débuts de la BD», sortir du «ronronnement» pour «explorer une nouvelle contrée», plonger dans ce langage nouveau qui fascine les moins de 30 ans et énerve les adultes exclus du mouvement. «Ce qui nous attirait dans Spirou et Tintin, c'était le goût de l'interdit. Quand on avait de mauvaises notes, c'était à cause de la BD. C'est le même phénomène qui pousse mes deux enfants vers le jeu vidéo.» Après quatre ans de travail, d'hésitations et de budgets réévalués plus tard, son premier jeu vidéo, l'Amerzone est dans les bacs. «Epoustouflant», «magique», «exemplaire», «grandiose», le titre, primé dans les festivals (1), encensé par la critique et déjà adopté par le public, est l'un des premiers jeux d'aventures signé par un auteur que les «hardcore gamers» (les accros) comme les profanes considèrent comme un petit bijou de lumière, graphisme et scénario. Pourtant, l'aventure Sokal commence par une «petite erreur d'appréciation»: Sokal pense boucler son projet en six mois, avec 400 000 francs; il en coûtera dix fois plus. Sa maison d'édition, Casterman, menace de le laisser au milieu du gué. L'escrimeur de haute volée qu'il

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