Célia sort en courant des locaux de Nova. «Pfff, j'suis fatiguée.»
Une copine l'interpelle: «Hé, tu vas où, Célia?» Gouaille de la ZUP nord d'Argenteuil, elle répond: «J'vais au café avec le monsieur.» La copine: «Pourquoi?» Célia: «J'sais pas. Il va peut-être me dire qu'il est amoureux de moi.» Cinq minutes plus tard, assise devant un diabolo menthe dans une grande brasserie vide, Célia plonge ses mains dans les manches de son pull, regarde le plafond, gênée. Puis pose un coude sur la table, colle son menton sur son poing, fixe l'interlocuteur, frondeuse. Célia est jolie. Elle ressemble à la Miou-Miou des Valseuses. «Ha bon? Où est-ce qu'on m'a déjà dit ça déjà?» Le photographe, juste avant, avait dit ça aussi. L'adolescence est entrée dans Stop la violence en sortant du lycée. «J'avais un chewing-gum collé dans les cheveux, je suis allée au McDo avec deux copines. On est rentrées dans les toilettes et Linda me l'a enlevé avec des glaçons. Quand on est ressorties, on a vu Christophe Nick (l'un des fondateurs du mouvement, ndlr). Il nous a demandé ce qu'on pensait de la violence, il a pris nos coordonnées.» Du manifeste «Stop la violence», publié début mars par Nova, elle revendique une phrase: «Les mecs qui tapent les femmes sont des impuissants.» Dur pour les impuissants? «Dur surtout pour les femmes.»
Célia vit avec son père, ouvrier qualifié à la Snecma, proche du Parti communiste. Les parents ont divorcé il y a deux ans. Une «sale période», mais «prévisible»: pas un «choc