La vie ne tient qu'à un fil. Frieda Burlet, mère meurtrie et
acrobate équilibriste, ne s'y pliera jamais. Ne vous fiez pas à son timbre chantant et à ses yeux azur, doux comme une mer d'huile. Cette femme est une eau dormante qui, au fond, bouillonne de colère. Le 29 juin 1968, à la fin de son numéro de trapèze au cirque Jean -Richard, Frieda a chuté de 28 mètres sur la mer de Sable. Rupture de câble. Le 14 février 1994, un dealer a tiré cinq balles dans le dos de son fils Alain, 34 ans, qui jouait aux dés au bar du Tilleul à Strasbourg. Cordon cassé.
Coupé de son petit, Frieda hurle à la mort, «j'ai mal à en crever», et part en guerre «contre l'indifférence». Cinq témoins du crime ont inventé une cagoule au meurtrier pour taire son visage. Un seul a donné son nom, mais la police «attend des preuves». Elle, la mère, veut savoir. Pourquoi ce trafiquant de blanche qui roule en Jaguar a tué son fils, «petit magouilleur» au sourire d'ange. D'abord, percer les mensonges des clients du bistrot, débusquer ces «pleutres qui se cachent» dans les bas-fonds de la ville.
De night-clubs en bouges infâmes, Frieda Burlet interroge «la racaille», sermonne les «lâches» et traque l'assassin. Il serait à Colmar, puis à Kehl, à Mulhouse, à Sélestat. Des fausses pistes. Elle irrite les flics avec ses tuyaux crevés, pêchés on ne sait où. Elle n'en peut plus de ces «petits vauriens sans honneur qui se prennent pour des supergangsters». Elle apprend que son fils, allergique aux dealers, a traité ce «