C'est une manie luxembourgeoise de faire évoluer le prénom avec
l'âge de celui qui le porte. Joseph s'appelait donc Jo quand il était encore au biberon. Il s'appelait Josy quand il est entré à l'école. «Mais en France ça fait fille», sourit-il sous sa moustache de bûcheron. L'origine de ses parents n'y a rien pu. Les petits bordelais de sa classe l'ont tout de suite rebaptisé José. Il bourre sa pipe à l'ombre des acacias et des pierres grises de sa ferme de Montredon-du-Larzac. A 46 ans, José Bové a changé de carrure, mais pas de diminutif.
«Papa, c'est encore pour toi.» Sa fille Hélène se transforme en standardiste du sans fil ces derniers jours. Et, que ce soit Jean-Pierre Elkabbach, le ministre Jean Glavany, France Info ou une télé, tous demandent José Bové. L'éleveur de brebis de ce bout de l'Aveyron crève en effet les devants de scène depuis le 16 août dernier. Quatre jours avant, il était parti démonter le restaurant McDonald's de Millau avec ses copains agriculteurs, ses clefs et ses tournevis. Le mandat d'arrêt qui a suivi, puis son refus de sortir de prison contre caution en ont fait une espèce de Robin des Bois paysan en lutte contre les méchants shérifs de Nottingham des multinationales agroalimentaires.
«On ne va pas changer l'organigramme de mon syndicat pour autant, s'amuse-t-il. J'espère seulement que cette image de moi puisse servir sur le fond.» Il n'y a aucune coquetterie au coin de son regard clair quand il dit ça. José Bové avale une tasse de café. Il regar